Le procès du leader séparatiste biafrais Nnamdi Kanu, à la tête de l’organisation interdite IPOB (Indigenous People of Biafra), semble s’acheminer vers une condamnation. Mardi, l’accusé a une nouvelle fois refusé de présenter une défense, perturbant le déroulement d’un procès déjà marqué par de nombreuses controverses.
Vêtu d’un survêtement blanc, Kanu a interrompu à plusieurs reprises le juge James Omotosho, affirmant que les charges retenues contre lui étaient caduques depuis l’abrogation de la loi antiterroriste de 2011, remplacée par une nouvelle législation en 2022. « Il n’y a plus d’accusation », a-t-il déclaré, rejetant la légitimité du procès. Le magistrat a insisté pour que Kanu se fasse représenter par un avocat spécialisé en droit pénal. « Mon frère, je t’en supplie au nom de Dieu tout-puissant », a lancé le juge.
Nnamdi Kanu est poursuivi pour terrorisme, incitation à la violence et diffusion de messages trompeurs. Il s’est fait connaître en 2015 via Radio Biafra, une station basée à Londres, où il avait lancé un appel controversé à la violence. Arrêté la même année, il avait fui le Nigeria en 2017 après une intervention militaire à son domicile, avant d’être extradé du Kenya en 2021, dans des circonstances qualifiées d’« enlèvement illégal » par ses avocats.
La question du Biafra reste sensible au Nigeria, pays marqué par une guerre civile sanglante entre 1967 et 1970. L’IPOB milite pour l’indépendance du sud-est, région majoritairement igbo. Le groupe est accusé d’avoir imposé des journées de “sit-at-home”, paralysant marchés, écoles et transports pour protester contre l’arrestation de Kanu. L’IPOB nie toute implication dans les violences et rejette la responsabilité sur des groupes criminels. Parallèlement, plusieurs ONG dénoncent des violations graves des droits humains dans la région, notamment des meurtres extrajudiciaires imputés à l’armée nigériane.
Les procureurs ont demandé au juge de fixer une date de jugement si la défense ne se présente pas. Le tribunal pourrait prononcer une condamnation sans plaidoirie, estimant que Kanu a renoncé à son droit de se défendre. Le verdict pourrait tomber dans les prochaines semaines, ravivant les tensions dans le sud-est du Nigeria et relançant le débat sur les droits des minorités et la liberté d’expression dans le pays.
B.B






