Alors que l’est de la République démocratique du Congo (RDC) reste enlisé dans une crise humanitaire prolongée, une nouvelle urgence sanitaire se profile : la pénurie de préservatifs. Déjà critique à Goma, la situation s’étend désormais à Kisangani, où les autorités sanitaires alertent sur une hausse préoccupante des infections au VIH, notamment dans les camps de déplacés.
PK9 : un camp, des chiffres alarmants
Le Programme national multisectoriel de lutte contre le sida (PNMLS) dans la province de la Tshopo a révélé que 2,3 % des personnes testées dans le camp de déplacés de PK9 ont été déclarées séropositives lors d’une campagne de dépistage menée les 17 et 18 octobre derniers.
« C’est un chiffre préoccupant, d’autant plus qu’il ne concerne qu’un seul camp. Kisangani en compte quatre », a déclaré un responsable du PNMLS.
Ces résultats renforcent les craintes d’une propagation silencieuse du VIH dans les zones de déplacement, où les conditions de vie précaires, le manque d’accès aux soins et l’absence de moyens de protection favorisent les comportements à risque.
Une pénurie qui s’aggrave
À Goma, la situation n’est guère meilleure. En six mois, plus de 2 300 cas de VIH ont été recensés, dont 138 décès. Les pharmacies et centres de santé signalent des ruptures prolongées de stock de préservatifs, tandis que les campagnes de sensibilisation peinent à atteindre les populations les plus vulnérables.
« Les jeunes sont les plus exposés. Sans préservatifs, ils n’ont aucun moyen de se protéger », alerte un agent de santé communautaire.
Réponses locales et internationales
Face à cette crise, des ONG comme DKT-RDC et DMP-RDC ont intensifié leurs efforts de distribution de préservatifs dans les zones les plus touchées, notamment les camps de déplacés et les zones de santé de Karisimbi, Kirotshe et Nyiragongo.
Cependant, les besoins dépassent largement les ressources disponibles, compromettant les efforts de prévention.
Briser les tabous et renforcer la prévention
Au-delà des difficultés logistiques, les experts appellent à renforcer l’éducation sexuelle, encore trop marginale dans plusieurs régions.
La campagne « PIKA PENDE », lancée en 2025, tente de revaloriser le préservatif comme un outil de santé publique essentiel, notamment pour les jeunes et les femmes.
Un appel à l’action
Face à cette double crise humanitaire et sanitaire, les autorités congolaises et les partenaires internationaux sont exhortés à renforcer l’approvisionnement, intensifier le dépistage et lutter contre la stigmatisation liée au VIH.
« Ce n’est pas seulement une question de santé, c’est une question de dignité et de survie », conclut un responsable du PNMLS à Kisangani.
B.B







