Si une couronne de longévité politique devait être décernée, sans nul doute le président camerounais aurait remporté la palme. Dirigeant d’une main de fer le pays depuis plus de quatre décennies, Paul Biya qui briguait encore un huitième mandat le 12 octobre dernier a remporté officiellement ce lundi le scrutin. Mais qui est cet homme fort qui détient le record de longévité au pouvoir dans le monde?
Rien ne prédestinait pourtant à Paul Biya né Barthelemy Biya’a Mvondo à une carrière politique encore moins à accéder à la magistrature suprême. Né d’un père catéchiste qui voyait en lui un futur prêt, Biya fut orienté à l’école catholique de Nden puis aux Séminaires d’Edea et Akono. Ses études supérieures le menèrent à l’université de Sorbonne de Paris pour ensuite l’institut d’études politiques d’où il est sorti avec une licence en droit public.
Ayant renoncé à une possible citoyenneté française, ses premiers amours avec la politique débutent en 1962 à son retour au Cameroun comme chargé de mission à la Présidence de la République. Démarre ainsi une succession de fonctions. De chargé de mission, il gravit les échelons comme directeur de cabinet et secrétaire général du ministère de l’éducation nationale de la Jeunesse et de la culture de 1965- 1967. Puis directeur de cabinet civil et enfin ministre secrétaire général de la présidence
de 1968 à 1975.
Chef du gouvernement en 1975, il prend la tête du Cameroun après la démission inattendue du président Ahmadou Ahijo en 1982. La suite sera pour lui un jeu d’enfants avec des élections qu’il va remporter successivement en 1988, 1992, 1997, 2004, 2011 et 2018 et là 2025.
Paul Biya, le sphinx?
Surnommé le » sphinx » Biya est un dirigeant effacé et absent. Ses sorties sur le territoire camerounais sont rares. Un de ses ex- collaborateurs le décrivait comme un chef enfermé « dans une bulle aseptisée, protégée par un petit clan » créant « un écran hermétique entre son peuple et lui ».
Pour certains observateurs, cette attitude adoptée relève de la tentative de coup d’État à son encontre en 1984, deux années après son accession au pouvoir.
2024, un état de santé qui l’éloigne du Cameroun
Âgé de 92 ans, ses apparitions en public qui se sont raréfiées suscitent moult interrogations au sein de la classe politique camerounaise et même dans le monde. Absent de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre et du sommet de la Francophonie le mois suivant des supputations le déclarent même mort. Le gouvernement interdit alors tout débat public sur son état de santé. Il réapparaît d’ailleurs le 21 octobre.
Une candidature sans surprise
Alors que certains pensaient à la possibilité d’une candidature de son fils Franck, 52 ans, pour qui les sorties dans les cérémonies officielles étaient devenues fréquentes, Biya annonça sa candidature pour un huitième mandat.
Une candidature sans surprise mais qui aura créée des défections au sein de son propre camp. Issa Tchiroma Bakary alors ministre de l’emploi et de la Formation professionnelle rend le tablier et se déclare candidat. Il devient ainsi son plus farouche opposant.
Face à onze candidats, Paul Biya invisible lors de la campagne présidentielle avec des séjours prolongés en Suisse a quand même remporté l’élection présidentielle avec 53,66 % des suffrages, selon les résultats proclamés ce lundi par le Conseil constitutionnel.
Ndeye Aîssatou Diouf






