Au cours des cinq dernières années, l’Afrique a été le théâtre d’une succession de coups d’État militaires, mettant en lumière la fragilité de certains régimes et les tensions persistantes entre gouvernance civile et forces armées. De l’Afrique de l’Ouest à l’océan Indien, ces événements révèlent des motifs communs : contestation électorale, conflits internes et luttes de pouvoir prolongées.
Gabon : un troisième mandat contesté
Le 30 août, un groupe d’officiers supérieurs du Gabon a pris le contrôle du pouvoir peu après l’annonce officielle de la réélection du président Ali Bongo pour un troisième mandat. L’armée justifie son intervention par la contestation des résultats électoraux et l’instabilité qui en découle, rappelant les tensions autour du pouvoir exécutif dans le pays.
Niger : le revers démocratique de 2023
Le 26 juillet 2023, les forces armées du Niger ont renversé le président Mohamed Bazoum, installant le général Abdourahamane Tiani comme nouvel homme fort. Face à cette crise, la CEDEAO a envisagé le déploiement d’une force régionale pour rétablir l’ordre constitutionnel tout en privilégiant la diplomatie. Les militaires ont proposé une transition de trois ans avant un retour au pouvoir civil.
Burkina Faso : double putsch en moins d’un an
Entre janvier et septembre 2022, le Burkina Faso a connu deux coups d’État en huit mois. D’abord, le président Roch Marc Christian Kaboré est renversé, remplacé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Quelques mois plus tard, Damiba est à son tour destitué, laissant la place au capitaine Ibrahim Traoré, président de transition jusqu’aux élections prévues en juillet 2024.
Soudan : une transition avortée et une guerre civile
Le 25 octobre 2021, le général Abdel Fattah al-Burhane a évincé les dirigeants civils de transition, alors que le pays cherchait à se relever de 30 ans de dictature d’Omar El-Bachir. Depuis avril 2023, une lutte de pouvoir entre Burhane et son ancien second Mohamed Hamdane Daglo a déclenché un conflit interne meurtrier, ayant fait au moins 5 000 morts.
Mali : instabilité chronique
Le Mali a subi deux coups d’État en moins d’un an. Le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta est renversé. En mai 2021, une nouvelle intervention militaire arrête le président et le Premier ministre, et le colonel Assimi Goïta est installé président de transition. Cette succession rapide illustre les fragilités institutionnelles et les tensions persistantes au sein des forces armées.
Guinée : vers une transition sous contrôle militaire
Le 5 septembre 2021, Alpha Condé est évincé par un coup d’État militaire, et le colonel Mamady Doumbouya prend la présidence le 1ᵉʳ octobre. Les militaires ont promis une transition vers un régime civil d’ici fin 2024, mais la feuille de route reste incertaine.
Tchad : héritage dynastique et militaire
Le 20 avril 2021, la mort du président Idriss Déby lors d’une offensive rebelle met fin à 30 ans de règne. Son fils, Mahamat Idriss Déby Itno, devient président par intérim, perpétuant l’influence de la famille Déby sur le pays et illustrant la combinaison unique de dynastie et d’autorité militaire.
Madagascar : une crise politique militarisée
À Madagascar, l’armée a pris le pouvoir le 14 octobre 2025 après la destitution du président Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale. Un conseil militaire, dirigé par le colonel Mikaël Randrianirina, assume désormais les fonctions présidentielles. Cette intervention survient dans un contexte de manifestations et d’instabilité politique, accentuant l’incertitude sur la voie démocratique du pays.
Ces événements montrent que l’armée reste souvent l’arbitre ultime lors des crises politiques, surtout en cas de contestation électorale ou de vide institutionnel. Si certains pays promettent un retour rapide au pouvoir civil, la durée et la stabilité de ces transitions restent incertaines, posant un défi majeur à la consolidation démocratique dans certaines parties du continent.