Les Camerounais se rendent aux urnes ce dimanche 12 octobre pour élire leur président. Après plus de quatre décennies au pouvoir, Paul Biya, 92 ans, brigue un huitième mandat à la tête du pays. Le scrutin, à un seul tour, s’annonce décisif pour l’avenir politique du Cameroun.
Un scrutin sous haute tension
Les bureaux de vote ont ouvert à 7h, heure locale, et fermeront à 17h. Le président sortant, fort du maillage territorial de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), part favori. Malgré son âge avancé, Paul Biya conserve un contrôle quasi total sur l’appareil d’État et les structures locales de mobilisation.
Douze candidats sont officiellement en lice, même si deux d’entre eux se sont désistés. Durant la campagne officielle de deux semaines, Paul Biya n’a tenu qu’un seul grand meeting, à Maroua, dans l’Extrême-Nord , une région stratégique pour son électorat traditionnel.
Une opposition éclatée, mais déterminée
Face à lui, plusieurs figures de l’opposition espèrent créer la surprise.
Parmi elles, Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et chef du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), et Bello Bouba Maïgari, leader de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), tous deux anciens alliés du président Biya.
Leur participation symbolise une rupture avec le régime en place, et leurs meetings ont attiré des foules importantes dans le nord et le centre du pays.
D’autres candidats misent sur le renouvellement politique : Cabral Libii, troisième en 2018 et président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), ou encore Joshua Osih, qui porte les couleurs du Social Democratic Front (SDF), le parti historique de l’opposant Ni John Fru Ndi.
Seule femme en lice, Patricia Hermine Tomaïno Ndam Njoya, présidente de l’Union démocratique du Cameroun (UDC) et maire de Foumban, défend une candidature axée sur l’éthique et la gouvernance locale.
Parmi les autres candidats figurent Serge Espoir Matomba (PURS), Pierre Kwemo (UMS), Jacques Bougha-Hagbe (MCNC) et Hiram Samuel Iyodi (FDC), le plus jeune de la compétition.
Une absence de taille : Maurice Kamto
L’un des faits marquants du scrutin est l’exclusion du principal opposant de 2018, Maurice Kamto, dont la candidature a été invalidée par les autorités électorales.
Son absence a laissé un vide dans le camp de l’opposition, déjà fragmenté et incapable de s’unir autour d’un candidat unique. Une dispersion qui pourrait favoriser, une fois encore, la réélection de Paul Biya.
Entre continuité et appel au changement
Pour le RDPC, la campagne a misé sur la stabilité et l’expérience du président sortant, présenté comme un garant de la paix et de la continuité institutionnelle.
De leur côté, les opposants appellent à tourner la page d’un régime qu’ils jugent épuisé et déconnecté des réalités sociales du pays.
Reste à savoir si le scrutin de ce 12 octobre ouvrira une nouvelle ère ou prolongera encore un pouvoir vieux de 42 ans.