Un collectif de vingt avocats issus de huit pays africains et européens a dénoncé ce jeudi ce qu’il qualifie de « détention illégale » de Me Guy Hervé Kam, avocat burkinabè et figure majeure de la société civile, incarcéré depuis plus d’un an à la prison militaire de Ouagadougou.
Me Kam a été arrêté dans la nuit du 24 au 25 janvier 2024 à l’aéroport de Ouagadougou par des hommes en tenue civile. Après quatre mois de détention dans les locaux de la sûreté d’État, il a été transféré à la prison militaire. Il est poursuivi pour « complot et association de malfaiteurs », des accusations que ses avocats jugent infondées.
Le collectif, composé de juristes venus du Burkina Faso, du Tchad, du Niger, du Sénégal, du Mali, du Bénin, des Comores et de France, estime que la détention de Me Kam « contrevient aux principes de l’État de droit ». Dans un communiqué daté du 8 octobre, ils dénoncent un « déni de justice intolérable » et exhortent les autorités militaires à « mettre fin immédiatement à cette détention arbitraire ».
Figure emblématique de l’engagement citoyen, Me Kam est le fondateur du mouvement Sens (Servir et non se servir) et cofondateur du Balai Citoyen, acteur majeur de la mobilisation qui avait conduit à la chute de l’ancien président Blaise Compaoré en 2014. Il a également représenté la famille de l’ancien président Thomas Sankara, assassiné lors du coup d’État de 1987.
Depuis le coup d’État militaire de septembre 2022, le régime du capitaine Ibrahim Traoré est régulièrement accusé de restreindre les libertés et de réprimer les voix dissidentes. La détention prolongée de Me Kam, malgré plusieurs décisions judiciaires ordonnant sa libération, illustre les tensions persistantes entre le pouvoir militaire et la société civile.
B.B