Saber Chouchane, originaire de Nabeul, dans le nord-est de la Tunisie, a été condamné à la peine de mort mercredi 1er octobre par le tribunal de première instance de sa ville pour des publications sur Facebook jugées critiques envers le pouvoir. L’exécution de la peine capitale est toutefois suspendue dans le pays depuis 1991. L’information a été confirmée à Le Monde par son avocat, Oussema Bouthelja, qui a exprimé son étonnement et son incompréhension face à ce verdict.
Arrêté le 24 janvier 2024, Saber Chouchane avait initialement été présenté devant le pôle antiterroriste du tribunal de Tunis. Ce dernier s’était déclaré incompétent et avait transmis le dossier à la chambre criminelle du tribunal de Nabeul.
L’affaire concerne un compte Facebook nommé « Kaïs le misérable », en référence au président Kaïs Saïed. Sur cette page, Saber Chouchane partageait régulièrement des critiques contre le pouvoir, des appels à manifester ou à libérer des détenus politiques, ainsi que des caricatures du chef de l’État et de membres du gouvernement. Il y exprimait également son soutien au parti islamo-conservateur Ennahda, qui subit une forte répression depuis que le président Saïed a consolidé ses pleins pouvoirs lors de son coup de force.
« Je ne comprends pas moi-même ce verdict », a déclaré l’avocat vendredi, après avoir pris connaissance de la décision écrite du tribunal.
Une ONG dénonce une « bévue monumentale »
Le comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) a dénoncé cette condamnation, la qualifiant de « bévue monumentale » à l’encontre d’un « père de trois enfants ».
Pour l’ONG, l’affaire « trahit l’état critique de la justice en Tunisie, où un certain magistrat, dans sa quête de la satisfaction du régime, n’hésite pas à commettre des ignominies aussi ridicules que graves ».