L’appel du président sénégalais sera-t-il entendu ? Le 26 septembre, Bassirou Diomaye Faye demandait au Fonds monétaire international (FMI) de « presser le pas » dans l’élaboration d’un nouveau programme de coopération avec Dakar, afin que le pays et ses partenaires sachent « à quoi s’en tenir ».
Une semaine plus tard, la réponse est tombée. Le FMI s’attend à ouvrir les discussions dès ce mois d’octobre. « Notre équipe est prête à passer à la phase suivante de notre engagement, qui consistera bien sûr à discuter des programmes », a déclaré Julie Kozack, directrice de la communication de l’institution, jeudi à Washington. Ces pourparlers devraient s’engager en marge des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, prévues la semaine prochaine dans la capitale américaine.
Mieux, elle ajoute que : « Le Sénégal et le FMI partagent une volonté très forte de résoudre de manière constructive cette affaire de fausses déclarations. Notre Conseil d’administration se réunira demain pour examiner cette affaire, et les résultats seront communiqués ultérieurement. Les services du FMI sont activement mobilisés et prêts à aborder les discussions sur le programme lors des Assemblées annuelles. »
Senegal & the IMF share a very strong commitment to constructively resolving the misreporting case. Our Board will meet tomorrow to discuss this case, with outcome to be communicated. IMF staff is actively engaged & ready to advance to program discussions at the Annual Meetings. pic.twitter.com/nbpKt059ul
— Julie Kozack, IMF (@IMFSpokesperson) October 2, 2025
Un héritage budgétaire explosif
Depuis son arrivée au pouvoir en mars 2024, Diomaye Faye navigue dans une zone de turbulences financières. Un audit de l’Inspection générale des finances et un rapport de la Cour des comptes ont mis au jour des « indicateurs budgétaires beaucoup plus faibles » que ceux communiqués jusque-là. La dette publique, officiellement à 74,4 % du PIB, culminait en réalité à 99,7 % fin 2023. Le déficit budgétaire, annoncé à 4,9 %, atteignait 12,3 %.
L’onde de choc a été immédiate : en février 2025, Moody’s a abaissé la note souveraine du Sénégal de B1 à B3, perspective « négative ». Une sanction sévère, après une première dégradation en octobre 2024.
Confiance érodée
Le FMI, de son côté, avait déjà suspendu sa facilité de crédit élargie de 1,8 milliard de dollars en juin 2024, à la suite de la découverte de fausses déclarations. Lors d’une mission à Dakar en août 2025, ses experts ont toutefois salué « l’engagement des autorités en faveur de la transparence et de la responsabilité budgétaire », tout en rappelant que la marge de manœuvre reste étroite.
Car l’équation budgétaire est implacable : le FMI estime la dette du Sénégal à 105,7 % du PIB fin 2024. Les besoins de financement bruts devraient frôler les 20 % du PIB en 2025.
Dans ce contexte, l’appel de Diomaye Faye à accélérer les négociations sonne comme un avertissement. Le président, élu sur la promesse de rupture et de transparence, n’a guère le luxe d’attendre : l’État sénégalais doit combler ses déficits, rassurer ses créanciers et maintenir la confiance des marchés.