Les États de l’Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ont annoncé ce lundi 22 septembre 2025 leur intention de se retirer de la Cour pénale internationale (CPI). Dirigés par des juntes militaires, les trois pays sahéliens invoquent une politique de souveraineté nationale renforcée et manifestent leur volonté de créer une Cour pénale sahélienne régionale. Une décision, sans conséquences.
La CPI perd de nouveaux membres africains
La Cour pénale internationale s’apprête à perdre certains de ses membres. Les régimes militaires d’Afrique de l’Ouest ne souhaitent plus être affiliés à cette cour, qu’ils dénoncent comme un « instrument de répression néocoloniale aux mains de l’impérialisme ».
C’est dans un communiqué conjoint que les trois pays de l’AES ont officialisé leur départ de la juridiction internationale basée à La Haye, aux Pays-Bas. Cette décision, annoncée « avec effet immédiat », s’inscrit, selon eux, dans leur démarche visant à « affirmer pleinement leur souveraineté ». Les États du Sahel accusent la CPI d’être « incapable de prendre en charge et de juger des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocide et des crimes d’agression avérés ». Ce retrait s’inscrit dans le contexte où les juntes militaires ont choisi de s’éloigner de l’Occident.
Conséquences et précédent
Le retrait d’un État du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, ne devient effectif qu’un an après que la notification a été signifiée au secrétaire général de l’ONU. Pendant cette période transitoire, la Cour reste compétente pour juger les auteurs de crimes commis sur les territoires respectifs des pays concernés.
Pour le Mali, par exemple, toutes les procédures et décisions prises par la Cour lorsque le pays en était membre demeurent valides. Cela inclut notamment le mandat d’arrêt émis contre Iyad Ag Ghaly en 2017, ainsi que les deux condamnations prononcées à l’encontre de responsables d’Ansar Dine pour des crimes commis à Tombouctou.
Les trois pays sahéliens ne sont pas les premiers à claquer la porte. Parmi les nations africaines, le Burundi s’était retiré en 2017, ce qui n’avait cependant pas empêché l’ouverture d’une enquête. L’Afrique du Sud et le Kenya avaient également menacé de se retirer, mais sans jamais finaliser la procédure.
Une institution de plus en plus contestée
Fondée en 2002, la CPI a pour mission de poursuivre les auteurs des crimes internationaux les plus graves lorsque les États n’ont pas la volonté ou la capacité de le faire eux-mêmes. Elle comptait jusqu’à présent 125 États membres. Sa création avait été fortement souhaitée par les dirigeants du monde entier à la suite des guerres de Yougoslavie et du génocide rwandais.
Bien que le Statut de Rome ait été ratifié par 124 pays (avant ce retrait), certaines grandes puissances en sont absentes, ce qui nourrit les critiques sur la sélectivité de sa justice. Les États-Unis, la Russie, Israël, la Chine ou encore la Birmanie ne sont pas parties au Statut.
Plus récemment, la Hongrie a également annoncé son retrait plus tôt cette année, en réaction au mandat d’arrêt émis contre le dirigeant israélien Benjamin Netanyahu.