Le Niger veut franchir un cap décisif dans sa politique énergétique en lançant un projet ambitieux de centrale nucléaire d’une capacité totale de 2000 MW, composé de deux réacteurs de 1000 MW chacun. L’annonce a été faite par le ministre nigérien des Mines, le Commissaire-colonel Abarchi Ousmane au cours d’une table ronde présidée par le président russe Vladimir Poutine, lors du Forum World Atomic Week, qui se déroule à Moscou.
Avec un taux d’électrification limité à 20 % en 2022, selon la Banque mondiale, le Niger reste l’un des pays les moins connectés au réseau électrique en Afrique. Pourtant, il dispose d’un atout stratégique : l’uranium. Deuxième producteur du continent et huitième mondial avec 962 tonnes en 2024 (malgré un recul de la production selon l’Association nucléaire mondiale), le pays entend désormais transformer cette ressource en moteur de souveraineté énergétique.
Un projet inscrit dans une dynamique continentale
L’annonce de Niamey intervient dans un contexte où l’énergie nucléaire suscite un intérêt croissant en Afrique. Fin juin, lors du Nuclear Energy Innovation Summit, Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), soulignait que le nucléaire, « source d’énergie sans CO2 et durable », devient une option crédible pour les pays africains. Un signal fort a également été envoyé avec la signature d’un accord entre l’AIEA et la Banque mondiale, ouvrant la voie à un soutien financier longtemps jugé hors de portée pour cette filière.
La Russie, partenaire clé
Le partenariat annoncé avec Rosatom, déjà impliqué dans la construction de la centrale d’El-Dabaa en Égypte, illustre la volonté du Niger de diversifier ses alliances stratégiques. La présence, aux côtés du ministre des Mines, de la ministre de l’Énergie, de la présidente de l’Autorité nigérienne de l’énergie atomique (HANEA) et du directeur général de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), démontre l’importance politique accordée à ce projet.
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Des obstacles encore à lever
Reste la question cruciale du financement et du calendrier de mise en œuvre. La construction d’une centrale nucléaire de cette ampleur implique des coûts colossaux, souvent estimés à plusieurs milliards de dollars, ainsi qu’un encadrement technique et sécuritaire de haut niveau.
Une bonne nouvelle pour le paysage énergétique
Si ce projet venait à se concrétiser, il constituerait une rupture majeure pour le Niger, susceptible de transformer son modèle énergétique et de réduire sa dépendance aux importations. Au-delà du cas nigérien, il marquerait aussi une nouvelle étape dans l’émergence du nucléaire en Afrique, où cette technologie, longtemps marginalisée, commence à s’imposer comme une alternative crédible face aux défis de l’accès à l’électricité et de la transition énergétique.
A.K. Coulibaly