Au cœur du bilan d’existence des deux années de l’AES, peut aussi figurer une restriction de la liberté d’expression des régimes militaires contre des voix dissidentes. De disparitions à des détentions de journalistes et d’hommes politiques, le tableau contraste avec le discours reluisant de ces trois Etats réunis en confédération à l’aune de leur prise de pouvoir.
Le cas du Mali
Dirigé par le général Assimi Goïta, des mesures répressives ont été prises depuis son arrivée par un coup d’Etat contre certaines voix critiques et la presse. A titre d’exemple, l’ancien premier ministre Moussa Mara est en train de payer les frais de sa liberté d’opinion. Il est inculpé en août dernier pour « atteinte à la crédibilité de l’Etat.
Cela suite à un message publié sur les réseaux sociaux en soutien à des prisonniers politiques. En détention depuis quelque temps, son procès est prévu le 29 septembre prochain.
La même situation prévaut pour l’ancien premier ministre civil, Choguel Maïga qui paie les critiques émises à l’endroit de la junte. Pour avoir déploré sa mise à l’écart des décisions sur le maintien des généraux au pouvoir après les promesses non tenues sur la durée de la transition Maïga est limogé en novembre 2024. Choguel est accusé d' »atteinte aux biens publics »après des audits faits en 2015 l’accusant de malversations financières. Placé sous mandat de dépôt, l’ancien premier ministre civil du Mali a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés.
Le Niger
Alors que le président déchu Mouhamed Bazoum avait supprimé en 2022 les peines d’emprisonnement punissant la diffusion numérique « de données de nature à troubler l’ordre public », la « diffamation » et les « injures » notamment, l’administration du général Abdourahmane Tiani les a rétablies. Datée du 7 juin, les amendes font place dorénavant à des peines allant d’un à cinq ans de prison. Objectif: ôter l’envie à la population d’émettre des avis sur la gouvernance notamment sur la durée de la transition pour bon nombre d’observateurs.
Le voisin burkinabé
Le pays des hommes intègres n’a pas lui aussi dérogé à la règle. Un fervent défenseur de la corruption et de la démocratie, Guy Hervé Kam est détenu depuis plus d’une année à la prison militaire de Ouagadougou. Les autorités burkinabè lui reprochent sa participation présumée à » un complot ».
Dans le collimateur des autorités, le célèbre avocat et chef du mouvement politique Sens (Servir et non se servir) a été arrêté une première fois en janvier 2024 durant quatre mois. Relâché au bout d’un mois et demi, l’Etat burkinabè avait reconnu le détenir pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Libéré en mai, il est de nouveau arrêté et inculpé pour « complot et association de malfaiteurs ».
Et depuis juillet, il est toujours détenu à la prison militaire pour le même motif. Ses collègues du barreau proteste conte une détention arbitraire.
Ndeye Aïssatou Diouf