« Au nom de la République de Guinée, j’ai l’honneur de vous remettre ce projet de Constitution à faire vulgariser et à s’en approprier. Je n’ai aucun doute que je peux compter sur vous. Merci… », déclare l’ambassadeur de la République de Guinée en Allemagne dans une grande salle où ont pris place plus de 100 personnes. Elles ont toutes fait le déplacement dans les nouveaux locaux de l’Ambassade de Guinée à Berlin pour assister à la remise officielle du Projet de nouvelle Constitution.
Marima Bah vit à Hambourg. Elle a parcouru 165 km pour s’encquérir du contenu du projet de nouvelle Constitution. Parmi les nouveautés qui ont retenu l’attention de la jeune dame : l’introduction de la couverture sanitaire universelle.
« Parce que chaque citoyen a droit à des soins propices. Et chez nous, je dirais que, malheureusement, certains ont des difficultés à accéder à des soins de qualité. Je trouve que c’est une belle réforme. Mais je dirais qu’on ne peut pas être à 100 % d’accord avec une chose et que je dois encore parcourir le projet et peser le pour et le contre. »
Kadiatou Doumbouya et sa famille vivent à Berlin. Elle est particulièrement heureuse de la mention faite à l’autonomisation de la femme.
« Aujourd’hui, en tant que femme, tu peux décider de la direction professionnelle que tu veux prendre, sans pour autant que le mari ou les parents s’interposent », dit Mme Doumbouya.
Dans le projet de nouvelle Constitution, il est aussi désormais interdit de marier les filles de moins de 16 ans et la scolarisation devient obligatoire et grauite.
Masaran Diémory Kouyaté dirige le Haut Conseil des Guinéens établis à l’étranger. Il estime qu’il serait bon de traduire le document dans la langue des pays d’accueil. En allemand par exemple, pour des enfants nés en Allemagne.
« Nous nous battons justement dans notre pays d’accueil pour transmettre ces valeurs. Et nos enfants s’intéressent de plus en plus à notre pays d’origine, à sa politique, à sa société… Donc il est très important qu’ils connaissent quelles sont les lois qui vont régir le pays », inssite-t-il.
La question de la double nationalité
Pour Moussa Mara, ceux qui souhaitent diriger la Guinée doivent être exclusivement de nationalité guinéenne. Or, le projet de nouvelle Constitution n’exclut plus la double nationalité pour être président de la République.
« Que personne ne vienne nous embêter, si tu es candidat à quelque chose, que tu sois Guinéen et purement Guinéen, de parents guinéens, de maman guinéenne. Guineo-français, ça marche pas chez nous. Si on adopte ça, on va léser les autres qui sont là-bas, qui n’ont pas de parents français ou je ne sais quoi. «
Parmi les autres dispositions qui concernent la diaspora, il y a la représentativité de celle-ci à l’Assemblée nationale et au Sénat, insiste Aliou Barry, ambassadeur de Guinée en Allemagne.
« Ce qui dénote très clairement de la volonté du chef de l’État d’associer la diaspora à la prise des décisions concernant la vie nationale en République de Guinée. C’est pourquoi vous avez entendu tout à l’heure au sein de la Communauté que c’est une Constitution qui nous ressemble, qui nous parle et qui nous rassemble. »
Le projet de nouvelle Constitution fait apparaître d’autres nouveautés comme la durée du mandat présidentiel qui passe de cinq à sept ans – renouvelable une fois -, ainsi que la création d’une Cour spéciale de justice chargée de juger le chef de l’État et les ministres pour des faits de haute trahison.
L’opposition rejette le document qu’elle qualifie de non consensuel. C’est dans ce contexte que les Guinéens sont appelés aux urnes le 21 septembre prochain pour approuver ou non le projet de nouvelle Constitution, étape cruciale avant l’organisation des élections présidentielle et législatives. Celles-ci mettront fin à une période de transition entamée le 5 septembre 2021.
Source : DW