Mbeubeuss, un lieu où la récupération des déchets est symbole de vie

Avec le projet de restructuration de la décharge de déchets de Mbeubeuss, les récupérateurs de cette plateforme mythique au Sénégal se voient plus que concernés.

Un documentaire réalisé et projeté au Centre culturel Blaise Senghor le 02 juillet dernier a servi de tribune pour ces travailleurs très impliqués dans la gestion des déchets. Ce travail représente tout un symbole dans la vie de tous les jours de ces pères et mères de famille.

« Nous travaillons dans les déchets mais nous ne sommes pas des déchets ».

« Tout ce que j’ai c’est grâce au déchet, même le lit que j’ai acheté ».

Des témoignages qui reflètent combien le ramassage des ordures sont des moyens de survie pour ces récupérateurs.

Adja Diop et Zidane Fall acteurs du film et récupérateurs dans la vraie vie font partie de ces centaines de travailleurs pour qui Mbeubeuss a tout donné. Au point d’avoir institué en 1994 une association dénommée « Book diom » qui compte 1500 membres dont le tiers sont des femmes. Tous défendent l’intérêt des récupérateurs.

L’acteur Alioune Fall plus connu sous le nom de Zidane estime que ce documentaire est un plaidoyer pour eux acteurs de cette décharge mais aussi pour tous ceux qui ignorent le rôle crucial que les récupérateurs jouent au niveau de cette plateforme.

Intitulé « De l’ordure à l’or dur », le film met en lumière le rôle essentiel des récupérateurs de la décharge de déchets de Mbeubeuss mais aussi pour l’économie circulaire du pays. Nichée à 30 km de Dakar entre Keur Massar Nord et Malika (villes dans la banlieue de Dakar), la décharge constitue une sorte de bombe écologique car à l’origine de la dégradation du cadre de vie et des potentialités du milieu pour ses nombreux habitants. Elle demeure en effet le seul lieu de déversement autorisé depuis une soixantaine d’années, reçoit tous les jours pas moins de deux mille (2000) tonnes d’ordures pour une superficie de 175 hectares.

En 2021, l’Etat du Sénégal avait alors lancé le projet de promotion de la gestion du projet intégré et de l’économie des déchets au Sénégal (PROMOGED) avec l’appui de bailleurs. Sa mission, valoriser le potentiel économique des déchets pour créer de la richesse et de l’emploi par l’amélioration d’un centre de tri et de compostage.

La réalisatrice Rosalind Fredericks a pour sa part jugé nécessaire de donner plus d’écho à l’histoire de la décharge après huit années de recherches ethnographiques consacrées à la plateforme. Elle explique s’être entretenue avec près de quatre cents (400) récupérateurs, un travail de longue haleine qui a pris trois bonnes années quant à la diffusion du film.

Présent à cette projection, le conseiller technique du premier ministre pour les questions environnementales retient pour sa part que les déchets au delà de la création de richesse apporte une chose plus importante : la connaissance.
Ibrahima Diagne avoue avoir fait ses premiers pas professionnels à Mbeubeuss ce qui lui a ouvert beaucoup d’opportunités pour sa carrière.

En collaboration avec l’Ong Wiego, l’association Book diom et The waste commons, le film qui en est à sa seconde projection a permis aux sénégalais de mieux découvrir cette plateforme où les récupérateurs défendent avec becs et ongles leurs intérêts.

Pour sa réhabilitation, il est prévu de copter sur les 2000 travailleurs du site seulement près de 500 d’entre eux. Une situation qui préoccupe Adja Diop et ses autres coéquipiers pour qui la plateforme représente un bien commun et toute leur vie.

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