C’est connu de tous. L’accès à la terre et aux ressources naturelles est indispensable pour la survivance d’une grande partie de la population. En effet, son contrôle par les femmes est primordial pour leur émancipation, le bien-être des familles et, partant, pour la lutte contre la malnutrition et la pauvreté.
Bien qu’elles soient celles qui travaillent le plus la terre, les femmes ont souvent moins accès à la propriété foncière que les hommes. Or, les femmes jouent un rôle significatif dans le développement rural et occupent une place centrale dans l’activité agricole. Pour certains, il faudra dans les Etats, retracer l’évolution des règles juridiques encadrant l’accès des femmes à la terre notamment en milieu rural. Les actions citoyennes doivent également viser au renforcement des organisations de femmes, à leur présence dans les organisations paysannes ainsi qu’à l’éducation des sociétés dans leur ensemble.
Dans la partie septentrionale du Bénin, la situation n’est pas encore totalement reluisante. Invitée sur le média béninois Radio Sêdohoun à se prononcer dans le Grand Direct (11H 45 GMT) de ce mercredi 04 juin 2025, sur les constats faits dans cette région du pays, l’actrice de la société civile, chargée Genre Communication et Inclusion Sociale de l’ONG Recherche Impact développement (RID-ONG) Madame Egidia AGBE a fait savoir que les droits d’accès des femmes aux facteurs de production notamment la terre, restent très limités. Les femmes accèdent au foncier par divers procédés, dont les plus courants sont l’accès par le biais de la famille et/ou à travers les organisations de femmes. Or, un accès sécurisé à la terre et une autonomisation des femmes permettraient d’accroître la productivité de leurs exploitations, d’accélérer la croissance de l’économie nationale en boostant la production et le PIB agricoles, de réduire globalement le nombre de personnes vivant endémiquement dans la faim. A en croire Madame Egidia AGBE, l’accès à la terre reste une « grande difficulté » pour les femmes pas seulement au Nord Bénin. « Il faut dire que malgré les efforts du gouvernement, le poids socio-culturel prime toujours sur nos lois c’est-à-dire nous sommes toujours dans un système patriarcat ou la femme est toujours reléguée au deuxième rang… »
« Permettre à une femme ou à une fille d’avoir accès à la terre, c’est comme la perdre. Malheureusement, cette pensée encore gangrène un peu nos communautés. » Poursuivant son développement, l’actrice de la société civile révèle que les pesanteurs socio-culturelles ne sont pas à ignorer. « Elles s’imposent malheureusement à nous malgré les efforts de toutes les parties prenantes. Nos coutumes demeurent et persistent. Il faut beaucoup travailler sur ce plan-là. », laisse-t-elle entendre.
Madame Egidia AGBE note tout de même une prise de conscience progressive au sein des communautés. Dans certaines zones du Nord Bénin, et avec l’action des projets, « les hommes ont commencé par octroyer un lopin de terre, permettre à la femme d’avoir accès à la terre. » Toutefois, « tant qu’il y a à faire, rien n’est encore fait. » Elle appelle à une synergie d’actions, à des consortiums pour parvenir à résoudre définitivement l’équation ; encourage les femmes à appartenir à des groupements ou associations.
Sur le terrain, les sensibilisations des diverses parties prenantes ne sont pas « des graines jetés en terre qui ne portent pas de fruits. » Alors, on peut espérer mieux pour les femmes. Pour cela, « il ne faut pas baisser les bras », précise sans langue de bois et toute confiante, la chargée Genre Communication et Inclusion Sociale de l’ONG Recherche Impact développement (RID-ONG).
Sidoine AHONONGA