« La junte a dressé le lit du viol de la démocratie », dit Sadio Morel Kanté (journaliste, chercheuse associée à l’IPSE)

"La junte a dressé le lit du viol de la démocratie", dit Sadio Morel Kanté (journaliste, chercheuse associée à l'IPSE)

« Les partis politiques et les organisations à caractère politique sont dissous sur toute l’étendue du territoire national », a indiqué un décret lu mardi sur l’ORTM par le ministre chargé des réformes politiques, Mamani Nassiré. Loin d’être surprenante, cette dissolution est une forfaiture grave estime la journaliste Sadio Morel Kanté.

Selon elle, la modification de la création, de l’animation et de la vie des partis politiques doit émaner d’un référendum et non d’une décision de quelques personnes réunies au cours d’une assemblée pour discuter d’une quelconque refonte nationale.

Goïta, un militaire aggripé au pouvoir?

La junte au pouvoir en son sein même est divisée selon la chercheuse associée à l’Institut Prospective et Sécurité de l’Europe (IPSE). Assimi a montré ses limites et tente de se protéger en s’agrippant au pouvoir. Pour elle, les recommandations des Assises nationales pour une refondation nationale qui veulent faire de lui le président de la République pour 5 ans renouvelable, est une stratégie de protection. Pourquoi ? Mme Kanté rappelle toute une documentation faite par les droits de l’homme sur les exactions commises par l’armée malienne. Et pour elle, le pouvoir actuel est grandement responsable précise t’elle.

Cette peur des juridictions et celle d’être démis par ses pairs est une des raisons qui pousse le général Goïta à passer par tous les moyens pour rester au pouvoir. Celui qui dirige actuellement le Mali ignore le respect des promesses comme celle de rendre le pouvoir aux civils après 18 mois souligne la chercheuse.

« Le pays est dans le fond du fond » car sa situation actuelle n’obéit pas aux textes pour Mme Kanté.

Ras-le-bol de la jeunesse malienne

Elle est très déçue en témoigne la manifestation qui s’est tenue vendredi dernier, (3 mai) à la mythique place de l’indépendance, un haut lieu de contestation qui a fait tomber Ibrahima Boubacar Keita en août 2020. Elle était même prête à mourir. D’après Mme Kanté, les politiques sont sûrs que les militaires étaient prêts à sacrifier des gens mais compte tenu des enlèvements fréquents de personnalités par les services secrets, ils se sont ravisés.

Cependant, la jeunesse était prête à mourir car la déception est vive de son côté selon la chercheuse. Qu’est ce qu’elle a en tête ? Comment elle compte s’organiser?  La journaliste dit l’ignorer pour le moment. Mais ce niet de l’existence des partis politiques, celle des associations de partis politiques a conduit à un soulèvement de tous les leaders politiques pour dire non. Ils n’excluent pas d’ailleurs de solliciter la Cour constitutionnelle.

Une démocratie violée?

Il s’agit bien d’une violation pour Mme Sadio Morel Kanté même si dans le communiqué, ils ont réfuté la thèse qualifiée d’une prise d’otage de la démocratie. La junte a dressé « le lit du viol de la démocratie » ajoute t’elle. Les libertés individuelles et collectives sont belles et bien bafouées selon la chercheuse.

Recours possible
La journaliste veut que la Cour constitutionnelle malienne soit semblable à celle sénégalaise qui selon elle, dit le droit. Mais la différence est qu’au Sénégal, la volonté populaire a pesée et a beaucoup jouée. Tout le contraire de Bamako où les sévices et les tortures sont de mises en témoignent celles faites de janvier à nos jours en plus des enlèvements récurrents. Surtout qu’au sortir,  ils s’emmurent dans un silence indescriptible. Cependant, la journaliste espère que la Cour va dire le droit.

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