Le bilan des droits humains au Sénégal pour l’année 2024 est peu reluisant. C’est ce qu’indique le rapport annuel d’Amnesty International Sénégal dévoilé hier mardi 29 avril 2025.
L’état des lieux dresse un tableau sombre marqué par des violences sous la présidence de Macky Sall (2021-2024).
Pour rappel, en février 2024, des manifestations contre le report de l’élection présidentielle a fait quatre morts, 150 personnes arrêtées, des journalistes brutalisés dans le cadre de couvertures médiatiques. Une documentation a mis en exergue le cas de deux d’entre eux (Mor Amar et Absa Hane. Cependant, une loi d’amnistie votée en mars a mis fin aux poursuites.
A côté de ces violences politiques, le rapport pointe du doigt la liberté d’expression qui a subi un coup dur avec l’arrestation d’acteurs politiques et de journalistes. L’organisation de défense des droits humains plaide pour la décriminalisation des délits de presse. Un point qui colle d’ailleurs à l’actualité au Sénégal. Depuis quelques temps, les médias subissent une asphyxie depuis l’avènement des nouvelles autorités selon certains professionnels de médias. C’est des suspensions de contrats publicitaires, une pression fiscale et la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la fermeture la semaine dernière de certains organes pour non conformité.
En effet, ce vendredi, la tutelle a décidé à travers un arrêté, de la suspension de tous les médias qui ne seraient pas en conformité avec le code de la presse. Sur les 650 et quelques médias au Sénégal, seuls 258 ont pour l’heure été déclarés conformes aux exigences administratives des nouvelles autorités. Le directeur éxécutif d’Amnesty Sénégal, Seydi Gassama invite le gouvernement à privilégier l’accompagnement vers une conformité légale plutôt que les fermetures: « l’Etat doit inciter par l’aide à la presse et non par la répression » a t’il ajouté.
Par ailleurs, les conditions carcérales qui sont alarmantes n’ont pas échappé à l’analyse du rapport . Le surpeuplement des prisons, les conditions de détention constituent des remparts à la propagation de maladies telles que la tuberculose qui s’était déclarée en janvier.
Concernant les droits des femmes et des enfants, ils restent toujours précaires. Les dispositions du Code de la famille confèrent l’autorité parentale et conjugale à l’homme uniquement qui désigne le mari en tant que chef de famille.
Aussi le littoral sénégalais a été en 2024, l’un des points de départ les plus actifs pour la migration irrégulière. Au moins 959 migrants ont entre janvier et mai, péri en mer selon l’Ong espagnole Caminando Fronteras.
Toutefois, l’organisation a salué la résilience de la société civile et demandé aux autorités à tenir leurs promesses pour une justice équitable. La disponibilité de l’intégralité du rapport est attendu dans les semaines à venir avec une approche plus détaillée.