À Loumbila, localité située à 25 km de Ouagadougou, l’eau est présentée avec ses mythes, ses contes et légendes. Dans cet endroit assez singulier, l’histoire de l’eau est racontée à travers ses liens avec les peuples et les objets utilisés pour se servir du précieux liquide.
Pour la petite histoire, le déclic est né d’un constat du socio-anthropologue Alassane Samoura après près de vingt-cinq (25) ans passés dans le domaine : le vide culturel autour de l’eau.
« J’ai pensé qu’il était bon de créer un espace qui parlerait de l’eau dans une vision plus holistique », explique M. Samoura, l’initiateur du Musée de l’eau au Burkina Faso.
Pour le sociologue, le choix de créer le Musée de l’eau offre une opportunité pour faire connaître le patrimoine matériel et immatériel de l’eau.
D’abord, le patrimoine matériel qui comprend les objets et des ustensiles collectés : les puisettes, les cordes ou les calebasses utilisées pour puiser de l’eau.
Ensuite, le patrimoine immatériel qui regroupe tout ce qui est mythes, chansons, proverbes et contes. Bref, la face cachée de l’histoire de l’eau qui mérite d’être valorisée.
Créé il y a de cela bientôt vingt ans, le Musée de l’eau de Loumbila, conçu à ciel ouvert, veut ainsi valoriser un secteur vital avec l’adage populaire connu : « L’eau, c’est la vie ».
Son objectif : aider à la compréhension des populations, des communautés et des responsables politiques de la problématique liée à l’accès à l’eau potable.
Pour Alassane Samoura, « la connaissance de cette ressource minérale est inhérente à l’amélioration, la sauvegarde ou la valorisation de l’eau ».
Mais l’anthropologue estime que beaucoup de choses restent à faire pour capitaliser les efforts faits par les uns et les autres.
« Les actions doivent absolument suivre, comme pour dire ramener les discours à la base avec tous les moyens possibles », dit l’initiateur du Musée de l’eau.
Selon des statistiques, 90 % des maladies comme le paludisme, la dysenterie, la diarrhée sont causées par l’inaccessibilité à l’eau.
Sur ce point précis, M. Alassane Samoura déclare que l’intérêt pour les gouvernants serait de miser plutôt sur la sensibilisation que sur la guérison.
« Rapprocher les discours au niveau des communautés pour éviter des sensibilisations vaines, telle doit être la politique menée autour de l’importance de la ressource », insiste M. Samoura.
L’anthropologue rappelle n’avoir pas noté, deux ans après le Forum sur l’eau à Dakar, l’impact de cette rencontre mondiale, du moins dans son village au Burkina Faso.
« On n’est pas encore au stade des grands débats, les solutions ne sont pas encore là », regrette Alassane Samoura.
Le promoteur du Musée de l’eau trouve par ailleurs dommage que les ingénieurs du continent ne mènent pas assez d’études viables et fiables malgré leur ingéniosité.
« L’eau est devenue un jeu politique et stratégique. » C’est pourquoi les défis et les enjeux se trouvent dans l’exploitation des ressources financières nécessaires et intellectuelles. Sans oublier l’implication des populations à la gestion de la ressource, comme c’est le cas au Burkina avec le projet de la GIRE (Gestion intégrée des ressources en eau), dit-t-il.
Aussi, la question du financement pose problème pour l’espace muséal créé depuis 2005 avec pour vocation de mettre à disposition un contenu pédagogique dans la sensibilisation, l’éducation et la prise de conscience sur l’importance de l’eau. Des besoins pour la surveillance du matériel, de l’équipe et de l’entretien urgent. Même si la volonté d’apporter quelque chose à la culture prime sur la fonction financière.
C’est le plaidoyer que lance Alassane Samoura à l’État burkinabè qui dit œuvrer pour une cause d’utilité publique.