Menaces ou mise en garde, le Premier ministre sénégalais n’a pas été tendre avec certaines institutions scolaires qui prohibent le port du voile aux filles. Hier, lors de la cérémonie du concours général 2024 qui distingue les meilleurs élèves des classes de première et de terminale dans différentes disciplines, Ousmane Sonko a été clair sur l’engagement de l’Etat du Sénégal à ne plus tolérer ce genre de restrictions dans le pays.
Dans un contexte où la question du voile devient de plus en plus centrale et occupant le débat public, le premier ministre sénégalais est venu en rajouter une couche.
« Nous n’accepterons plus qu’un établissement scolaire renvoie une élève parce qu’elle a mis un voile sur la tête ». Ces propos d’Ousmane Sonko ont été tenues en marge d’une rencontre avec des lauréates célébrées hier au Grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose où l’excellence était fêtée.
Il est revenu sur l’importance de l’éducation religieuse au Sénégal. D’ailleurs, le premier ministre a fait savoir que l’État du Sénégal compte œuvrer pour la promotion de cet enseignement et que les mesures nécessaires sont entreprises quant à l’orientation professionnelle des élèves et des étudiants en ce sens.
C’est toujours dans cette dynamique qu’une annonce a été faite concernant la création d’un ministère du culte.
Une initiative qui vise à répondre aux préoccupations des diverses communautés religieuses du pays notamment les lieux de culte : mosquées, églises et établissements franco-arabes.
Il faut savoir que l’interdiction du port du voile avait créé en 2019 au Sénégal un tollé dans une institution catholique privée, la Sainte Jeanne d’Arc.
En effet, vingt-deux filles de confessions musulmanes, voilées s’étaient vues refuser l’accès à l’école en vertu d’un nouveau règlement intérieur qui stipulait l’autorisation de l’uniforme habituel « avec une tête découverte, aussi bien pour les filles que pour les garçons ».
Cette mesure avait suscité une vive polémique dans un pays réputé pour sa tolérance religieuse avec son caractère laïque. 95% de la population est de confession musulmane.
Un compromis a été vite trouvé entre le ministère de l’éducation nationale et la direction de l’établissement présent au Sénégal depuis 1939 et qui propose un cursus sénégalais et français conduisant au baccalauréat et homologué par l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE).
D’ailleurs, certains en avaient vu une mesure dictée par la France, l’institution sainte Jeanne d’Arc étant sous tutelle de la Congrégation des sœurs de Saint Joseph de Cluny dont la maison mère est à Paris.
C’était pas la première fois. En 2011, plusieurs écoles privées catholiques avaient tenté l’interdiction du port du voile avant de se rétracter face à la polémique de l’institution Sainte Jeanne d’Arc.
Selon des observateurs, l’absence de cadre législatif fausse l’harmonisation du système éducatif sénégalais avec d’un côté l’enseignement arabe ou coranique d’une part, et celui français dispensé dans les écoles privées et publiques.
Toutefois, des Etats généraux sur l’éducation mis à jour en 2014 ont permis quelques évolutions avec la création d’écoles franco-arabes ou encore la reconnaissance du baccalauréat arabe.
Un manque de volonté politique et un problème de fond auxquels les nouvelles autorités veulent mettre fin.
D’où ce discours tenu par Ousmane Sonko qui estime que l’égalité des droits est essentielle. Les modèles et styles de vie appartenant à chaque pays sont différents.