Chômage, pauvreté, cherté de la vie, baisse du pouvoir d’achat, tout un tas de défis qui affectent la jeunesse sénégalaise.
Et, pour faire face à cette conjoncture, nombreux sont ceux qui se tournent vers des services financiers en ligne pour répondre à leurs besoins.
En un clic, l’on peut contracter des prêts sans bouger et ce, à des taux très élevés.
Des plateformes qui font des ravages. Elles sont accusées de mener des opérations illégales de collectes, d’épargne et d’octroi de crédit, mettant en péril les finances des utilisateurs.
En effet, elles proposent des prêts avec 8% de la somme empruntée, selon leurs témoignages.
« Pour accéder à ces plateformes, il faut impérativement télécharger l’application », explique le jeune Momo qui avait bénéficié de deux prêts pour dit-il régler une urgence.
« Ils ont accès à tes données personnelles et ont les contacts de tout ton répertoire. Dans leurs publicités, ils te proposent un prêt avec un taux d’intérêt très bas. C’est à dire, quand tu sollicites un prêt de 10000 Fcfa, ils t’octroient 7500 f. Toutefois, tu dois leur payer la somme de 12000f soit 4500 f de plus que de la somme empruntée, payable dans cinq jours. Et si par malheur tu ne les rembourses pas le jour de l’échéance à 8h, ils appellent tout les contacts de ton répertoire pour leur dire que tu leur dois de l’argent », précise l’ancien utilisateur de ces plateformes.
Des pratiques douteuses qui avaient incité l’ancien régime à l’instar du ministère des finances et du budget, Mamadou Moustapha Ba à alerter et à appeler à la vigilance des utilisateurs.
Une mise en garde qui semblait tomber dans l’oreille d’un sourd.
Abdou l’assimile au fait que les jeunes aiment la facilité. A l’en croire, si ces derniers refusent de travailler et de se faire former, ce sera toujours ainsi.
« Il est temps que les jeunes se réveillent », maugrée -t-il.
Khadim a une fois bénéficié de ces prêts. Lui par contre n’a pas remboursé sa dette car selon lui, c’est « l’argent des sénégalais qu’il récupère ».
« J’avais emprunté trois fois la somme de 8500 FCFA à ces plateformes et je n’ai jamais remboursé » , se glorifie le jeune homme la vingtaine.
Beaucoup de dégâts créent par ces plateformes
Momo qui a accepté de témoigner en est conscient. Selon lui, ces applications ont été la source de nombreux conflits entre parents et amis « ces arnaqueurs ont brisé beaucoup de couples avec leur manière de procéder. Ils te mettent en mal avec ton entourage en leurs faisant croire que tu leurs devais des sommes astronomiques alors que ce n’est pas le cas », se désole -t-il.
Et, pour freiner ce fléau, il s’est porté volontaire de mener le combat avec certains de ses amis.
« Nous avions créé un collectif pour lutter contre ces services financiers en ligne. On a eu à déposer deux plaintes au niveau de la cybercriminalité afin de les dénoncer malheureusement cela n’avait pas abouti. Ils nous avaient suggéré de désinstaller ces applications. » explique-t-il.
Qui se cache derrière ces applications ?
À en croire nos interlocuteurs, il s’agit pour la plupart des étrangers à l’occurrence ceux qui viennent de la sous-région mais, avec la complicité de certains Sénégalais.
« Ils n’ont aucun papier valable. C’est comme un marché noir. Ces services financiers en ligne se cachent juste derrière en arnaquant les utilisateurs. En somme, ils profitent de la situation chaotique du pays pour se faire de l’argent ».
Pivoine, Séné prêt, Ouest crédit pour ne citer que ceux-là, disponible sur Play store et Apple store. Des plateformes qui font des ravages depuis un moment au Sénégal. Et, beaucoup de parents semblent subir ces trafics orchestrés par leurs enfants. L’Etat est appelé à renforcer la régulation de ces services et les jeunes à une vigilance collective. Ceci, afin de protéger leurs finances dans l’ère du numérique.
Ndeye Mour Sembene