Affaire Martinez Zogo: Les avocats déplorent les renvois incessants

Un cinquième renvoi qui agace certains avocats. « À chaque audience, on va venir toute la journée. L’audience se termine à 11h – 12h pour renvoyer le dossier. Ça nous fatigue. »

Le tribunal militaire justifie ce nouveau renvoi par le fait que le dossier soit pendant devant la cour d’appel du centre, depuis le 25 juin 2024. Ceci, faisant suite à un appel formé par les avocats des parties qui souhaitaient avoir accès au dossier de Martinez Zogo, après un refus du tribunal militaire au cours de la quatrième audience.

La cour d’appel du centre va statuer le 18 juillet 2024. Une audience déterminante pour la suite, car elle dira si oui ou non les avocats pourront accéder au dossier de la procédure de Martinez Zogo. Le tribunal militaire, dans l’attente de la décision, a donc décidé de renvoyer l’audience au 29 juillet 2024.

Dans le même temps, les avocats estiment qu’un procès long est moins favorable pour leurs clients qui sont privés de liberté. Ils n’écartent pas l’idée de saisir la cour suprême au cas où le verdict de la cour d’appel leur était défavorable.

Mbani Zogo Arsène Salomon dit Martinez Zogo, l’animateur de radio, célèbre à Yaoundé pour ses dénonciations dans son émission quotidienne Embouteillage diffusée sur Amplitude FM, avait été emmené à bord d’un 4×4 Prado jusqu’à une carrière.

Cinq jours plus tard, le matin du dimanche 22 janvier 2023, le Cameroun découvre, avec effroi, les images du corps nu, supplicié et gonflé, laissé à même la terre vers Soa , une banlieue de la Capitale Camerounaise.

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Ses vêtements sont déchirés, il a été ligoté avec une corde à linge, de l’huile rouge et de la farine étaient versés sur son corps. Ses bourreaux lui entaillent l’oreille avec un cutter, le fouettent avec un câble électrique qu’ils lui enfoncent dans l’anus. Une expédition punitive pour qu’il cesse de parler « des membres du gouvernement et des autorités de la République », avait rédigé le juge d’instruction

Une douzaine de personnes ont été inculpées de « complicité de filature, d’enlèvement et de torture ». Parmi elles, Jean Pierre Amougou Belinga, patron de presse du groupe l’Anecdote, ainsi que des responsables de la Direction générale de la police. Le lieutenant-colonel Justin Danwe, ancien directeur des opérations à la DGRE, mis en cause pour complicité d’enlèvement, de séquestration, de torture et d’assassinat, et l’édile Stéphane Martin Savom, cadre administratif et maire de Bibey, commune de la région Centre du Cameroun, l’une des dernières personnes arrêtées dans le cadre de l’enquête.

Quel était le but final de l’opération menée contre Martinez Zogo : faire taire, faire peur ou tuer ? Le juge d’instruction écrit « qu’on ne peut prétendre vouloir infliger une simple correction à un homme comme Martinez Zogo (…) et utiliser autant « de gros bras » bien entraînés (…) de surcroît munis de matériels d’une létalité avérée ».

Son assassinat avait provoqué un immense choc au Cameroun, où M. Zogo était très populaire, mais aussi à l’étranger, contraignant le pouvoir à accepter de mettre sous les verrous des personnalités auparavant considérées comme intouchables. Sur un ton corrosif, Martinez Zogo n’épargnait personne au sommet du pouvoir, sauf M. Biya et sa famille, une ligne rouge dans les médias.

Sa mort est largement interprété par l’opposition et les analystes comme un avatar sanglant de la guerre de succession que se livrent en sourdine deux clans rivaux dans l’entourage de Paul Biya.

Ndeye Mour Sembene

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