Célébrer le centenaire de Serigne Cheikh Tidiane Sy, c’est explorer une œuvre aux mille facettes : politique, religieuse, mystique, pédagogique et littéraire. Ce guide d’exception a déconstruit les codes, universalisé son discours et modernisé les méthodes d’enseignement, tout en nivelant les savoirs pour les rendre accessibles. Entre sacré et ironie, ses prêches ont marqué l’histoire du Sénégal. Bienvenue dans l’univers d’Al Makhtoum, l’intellectuel qui a réconcilié la foi et la raison.
L’engagement politique: le révolutionnaire
Bien avant les « soleils des indépendances », Serigne Cheikh surgit sur la scène publique comme un bouillant réformateur. Dès les années 1950, il fonde le Parti de la Solidarité Sénégalaise (PSS), défiant frontalement les ténors de l’époque : Senghor, Lamine Guèye et Mamadou Dia.
Lors des législatives de février 1959, il s’entoure d’éminentes figures telles que Cheikh Ibrahima Niasse, le jeune Maître Abdoulaye Wade ou encore Ibrahima Seydou Ndaw. Malgré une défaite contestée dans les urnes, le combat se poursuit dans la rue. Son intransigeance lui vaudra d’être arrêté le dimanche 21 juin 1959 par un contingent de militaires français. Plus tard, après l’éclatement de la Fédération du Mali, il servira l’État avec distinction en tant qu’ambassadeur au Caire, étendant son influence jusqu’en Syrie.
Le marabout moderne : L’élégance de l’esprit
Serigne Cheikh fut le premier héritier du Daara de Seydi El Hadj Malick Sy à arborer le costume occidental. Pour lui, l’éloquence rimait avec l’élégance. Sous cette allure d’aristocrate cosmopolite, se cachait un homme profondément ancré dans les valeurs de l’Islam.
Incarnation parfaite de l’enracinement et de l’ouverture, il fut un bâtisseur de ponts entre les civilisations. Dans son essai L’Islam et le Monde, il fustigeait le sectarisme :
« Ou c’est Dieu qui est Créateur de toute chose, ce qui invite à voir en toute chose l’image de son Omnipotence ; ou Dieu n’est qu’un pur subjectivisme face auquel toute objectivité doit être bannie… Nous demanderions alors aux marchands de divinités de cesser leur commerce. »
Le Khalifat : silence et lumière
De 2012 à 2017, il succède à son frère Serigne Mansour Sy à la tête de la Tidjaniya. Ce cinquième Khalife restera dans les mémoires comme « le Mystérieux ». Très effacé, ses apparitions étaient de véritables événements tant elles étaient rares.
Al Makhtoum maîtrisait l’art du silence et la « grammatologie » de la parole : un seul de ses discours suffisait à nourrir la réflexion des fidèles pour l’année entière. Fidèle à la voie tracée par ses ancêtres, il a structuré la jeunesse à travers le Dahiratoul Moustarchidina wal Moustarchidaty et le COSKAS. Son œuvre littéraire et ses enseignements, où se mêlent profondeur mystique et sarcasme subtil, continuent de défier le temps. Rappelé à Dieu à l’âge de 92 ans, il demeure une boussole éternelle pour la nation.
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