Ce qui devait être une contribution citoyenne à la réforme de l’État se mue en un explosif scandale judiciaire sur fond de crise politique. Au cœur de la tempête : le très controversé décret 2025-1929, qui octroie des pouvoirs étendus au Premier ministre, et que l’État est aujourd’hui accusé d’avoir purement et simplement « pompé » sur le travail d’une de ses anciennes collaboratrices.
Boudy Diaw, juriste de renom ayant précédemment collaboré avec les services du ministère de la Justice, a déposé une plainte retentissante contre X. Les chefs d’accusation sont lourds : «contrefaçon d’œuvre de l’esprit, abus de confiance, usurpation de propriété intellectuelle, recel de contrefaçon et détournement de document administratif».
Un document de réforme, matrice du décret contesté
Selon la plainte, consultée par notre rédaction, le décret relatif à l’organisation de la Primature, et d’autres textes récents, seraient calqués «de A à Z» sur un «document original de réforme institutionnelle» qu’elle avait déposé à la Primature en janvier 2025.
«Tout ce qui est dit de sensé dans leur travail vient de moi», assène la plaignante, dénonçant un pillage intégral de son expertise, restée sans la moindre reconnaissance officielle.
Dans un scénario glaçant pour tout intellectuel, Mme Diaw affirme avoir découvert, stupéfaite, la reprise non autorisée de «concepts, structures et terminologies» directement tirés de sa proposition, lors des publications de plusieurs décrets gouvernementaux à partir de mai 2025.
Des similitudes «frappantes» allant au-delà du hasard
Le Quotidien a pu consulter des extraits comparés qui confirment l’ampleur de l’appropriation. Les similitudes, jugées «frappantes», ne se limitent pas à de simples emprunts techniques, mais révèlent :
- Des structures propositionnelles identiques.
- Des terminologies spécifiques et novatrices créées par la juriste.
- Des séquences logiques reprises à l’identique.
L’analyse croisée des orientations gouvernementales révélées lors des Conseils des ministres (18 juin, 16 juillet, 3 septembre et 3 décembre 2025) et les axes stratégiques du document de Mme Diaw montre une convergence troublante. Du renforcement du pilotage interministériel à la modernisation numérique de l’Administration, les services du Premier ministre semblent s’être servis de ce travail comme d’une véritable matrice de réforme.
Fait notable, Mme Diaw précise que son document «n’avait pas pour objectif de dépouiller le chef de l’Etat de ses pouvoirs», suggérant que le gouvernement aurait détourné la finalité technique de sa proposition pour l’instrumentaliser dans un débat politique plus large sur la répartition des pouvoirs au sommet de l’État.






