Quatre ans après avoir renversé Alpha Condé, Mamadi Doumbouya s’apprête à franchir une nouvelle étape : celle des urnes. L’ancien officier de la Légion étrangère française, devenu chef de la junte en septembre 2021, est officiellement candidat à la présidentielle du 28 décembre 2025. Une décision qui marque un tournant dans une transition longtemps présentée comme provisoire.
De la Légion étrangère au sommet de l’État
Né à Kankan, formé dans plusieurs académies militaires en Afrique, en Israël et en France, Doumbouya a servi dans la Légion étrangère jusqu’en 2009, participant à des opérations en Afghanistan, Côte d’Ivoire et République centrafricaine. De retour en Guinée en 2011, il gravit rapidement les échelons : instructeur, directeur des études, puis patron des Forces spéciales en 2018. Colonel en 2020, il devient général sous la transition, avant d’accéder au grade de général d’armée en novembre 2024.
Une Constitution taillée pour la course
Le référendum du 21 septembre 2025 a entériné une nouvelle Constitution : mandat présidentiel de sept ans renouvelable une fois, création d’un Sénat, et surtout, levée des restrictions pour les membres de la junte. Avec plus de 90 % de « oui » selon les chiffres officiels – dans un contexte de boycott et de forte présence sécuritaire – le texte a ouvert la voie à Doumbouya.
Candidature assumée, alliances consolidées
Le 3 novembre, Doumbouya dépose sa candidature, revenant sur ses engagements initiaux de non-participation. Depuis, les soutiens s’organisent : l’Alliance des Forces pour la Démocratie et le Développement (AFDD) et la Coalition pour la Mouvance Présidentielle (CMP) se rangent derrière lui, évoquant une Guinée « pacifiée et modernisée ». Face à lui, des figures comme Faya Millimono ou Abdoulaye Yéro Baldé tentent de mobiliser une opposition affaiblie par quatre années de transition.
Contestations et inquiétudes
La séquence électorale se déroule dans un climat tendu : interdictions de manifester, fermetures de médias, disparitions d’opposants. ONG et diaspora dénoncent une « dérive autoritaire » et la confiscation du pouvoir. La grâce accordée au printemps à Moussa Dadis Camara, condamné pour le massacre du 28 septembre 2009, a ravivé les critiques sur l’instrumentalisation de la justice.
Silence international et enjeux miniers
Malgré les alertes, la communauté internationale reste prudente. Les intérêts stratégiques – notamment le projet Simandou, porté par Rio Tinto et des partenaires chinois – pèsent lourd dans les calculs diplomatiques. La Guinée, riche en bauxite et fer, demeure un acteur clé pour la stabilité régionale.
Une élection charnière
Pour Doumbouya, l’enjeu est clair : transformer une légitimité de fait en légitimité de droit. Pour l’opposition, garantir un processus crédible et éviter la personnalisation du pouvoir. La participation, la transparence et la sécurité des acteurs seront les tests immédiats d’une trajectoire démocratique encore incertaine.







