Ibrahima Abé Sylla, candidat à la présidentielle du 28 décembre 2025, incarne l’image d’un technocrate brillant, fort d’un parcours international impressionnant. Ingénieur formé aux États-Unis, il a travaillé pour des géants comme General Electric et Bell Labs, avant de fonder AIS International, spécialisée dans les télécommunications et l’énergie. Son expertise dans des secteurs stratégiques – électricité, hydrocarbures, infrastructures – lui confère une crédibilité rare dans le paysage politique guinéen.
Mais derrière ce CV prestigieux, une question persiste : ses ambitions politiques sont-elles portées par une vision claire pour la Guinée ou par une logique opportuniste ?
Un profil technique, une trajectoire politique en zigzag
Abé Sylla n’est pas un novice en politique. Déjà candidat en 2010 et 2020, il a occupé le poste de ministre de l’Énergie après le coup d’État de 2021, pilotant des projets de lignes électriques à haute tension et la modernisation du réseau national. Ces réalisations sont indéniables, mais elles restent fragmentées. Après avoir quitté le gouvernement en 2022 pour préparer sa candidature, il se présente aujourd’hui comme l’alternative technocratique face aux poids lourds du système.
Un programme ambitieux, mais des zones d’ombre
Son programme 2025 repose sur un triptyque : justice, énergie, transformation économique. Il promet de faire de l’énergie le moteur du développement, avec des projets hydroélectriques, solaires et pétroliers censés générer 20 à 25 milliards de dollars de revenus pour le pays. Des chiffres spectaculaires, mais non corroborés par des études publiques. Il parle aussi de réformes judiciaires et de lutte anticorruption, sans toujours détailler les mécanismes concrets pour les mettre en œuvre.
Technocrate ou leader politique ?
La Guinée a besoin d’infrastructures et de compétences techniques, mais elle souffre aussi d’un déficit de leadership politique et d’institutions fragiles. Or, Abé Sylla semble parfois déconnecté des réalités sociales et économiques du pays. Ses initiatives – Abé Sylla Foundation, Gangan TV & Radio, entreprises locales – sont louables, mais leur impact structurel reste limité. S’agit-il d’outils pour impulser un changement durable ou de leviers d’image pour asseoir une ambition présidentielle ?
Un outsider dans un contexte verrouillé
Sa candidature intervient dans un contexte électoral tendu, marqué par la nouvelle Constitution qui a permis à Mamadi Doumbouya, chef de la transition, de se présenter malgré ses promesses initiales. Face à des appareils puissants et à une campagne dominée par la rhétorique de la stabilité, Abé Sylla joue la carte de la compétence. Mais la question demeure : peut-il transformer ses promesses en réformes profondes dans un système politique complexe et polarisé ?
![[Portrait] Ibrahima Abé Sylla : un technocrate ambitieux face au défi politique guinéen](https://lesnouvellesdafrique.info/wp-content/uploads/2025/12/Screenshot_20251210_070501_Google-750x375.jpg)





