Le Rwanda a dénoncé mercredi des « violations délibérées » des processus de paix par la République démocratique du Congo et le Burundi, au lendemain de l’entrée du groupe armé M23 dans la ville stratégique d’Uvira, en province du Sud-Kivu. Cette avancée ravive les tensions régionales et met à mal les efforts diplomatiques menés sous l’égide de Washington.
Une percée qui change la donne
Mardi soir, des combattants du M23, appuyés par 6.000 à 7.000 soldats rwandais selon des experts de l’ONU, ont pénétré par le nord dans Uvira, ville frontalière du Burundi. Cette progression rapide intervient près d’un an après l’offensive éclair qui avait permis au mouvement, avec ses alliés rwandais, de s’emparer de Goma et Bukavu entre janvier et février.
Uvira est un nœud stratégique : son contrôle ouvre un corridor vers le Burundi et menace les lignes d’approvisionnement des forces congolaises. L’accord de paix récemment entériné sous les auspices de Washington semble désormais fragilisé.
Les accusations croisées
Dans un communiqué, Kigali rejette toute responsabilité dans la reprise des combats :
« La responsabilité des violations du cessez-le-feu, des attaques en cours et des combats en province du Sud-Kivu ne peut être imputée au Rwanda », affirme le gouvernement rwandais.
Le Rwanda accuse les armées congolaise et burundaise de « bombarder systématiquement des villages civils proches de la frontière rwandaise à l’aide d’avions de chasse et de drones », ce que le M23 dit « être contraint de contrer ».
De son côté, le Burundi, qui déploie actuellement 18.000 soldats en RDC (contre 10.000 en 2023), dénonce « l’attitude belliqueuse » de Kigali et affirme avoir subi des attaques sur son sol.
Les États-Unis et plusieurs pays européens ont exhorté mardi le M23 et Kigali à « cesser immédiatement » leur offensive. Washington, qui avait parrainé un accord de paix, voit ses efforts compromis par cette escalade.







