Les autorités béninoises ont annoncé dimanche avoir déjoué une tentative de coup d’État après l’irruption de militaires à la télévision publique affirmant avoir destitué le président Patrice Talon. Cet événement survient à quelques mois de la présidentielle prévue en avril 2026, dans un contexte régional marqué par une instabilité politique croissante.
Un putsch avorté en direct à la télévision
Dans la matinée, huit militaires armés, coiffés de bérets aux couleurs variées, se présentant comme le « Comité militaire pour la refondation » (CMR), ont annoncé à la télévision nationale la destitution du président Talon. Ils ont proclamé le lieutenant-colonel Pascal Tigri « président du CMR » et justifié leur action par :
La dégradation sécuritaire dans le nord du pays, en proie aux violences jihadistes, la négligence envers les soldats tombés au front et leurs familles, des promotions jugées injustes au sein de l’armée et une remise en cause « déguisée des libertés fondamentales » et des revendications sociales.
Riposte rapide des forces armées
Quelques heures plus tard, le ministre de l’Intérieur, Alassane Seidou, est apparu à la télévision pour annoncer que le coup avait été déjoué. « Les forces armées béninoises et leur hiérarchie, fidèles à leur serment, sont restées républicaines. Leur riposte a permis de garder le contrôle de la situation et de faire échec à la manœuvre », a-t-il déclaré.
Selon des sources sécuritaires, une douzaine de soldats ont été arrêtés, dont les auteurs du putsch. L’entourage du président Talon a confirmé qu’il était en sécurité et que l’armée reprenait le contrôle de la ville. Dimanche après-midi, la zone autour du palais présidentiel restait bouclée par des soldats et des chars, tandis que des tirs avaient été entendus dans la matinée près de la plage.
Un contexte régional explosif
Cette tentative de coup d’État intervient dans une Afrique de l’Ouest secouée par une série de putschs depuis 2020 : Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée et, plus récemment, Guinée-Bissau fin novembre. Le Bénin, longtemps considéré comme un modèle démocratique, est désormais confronté à des tensions sécuritaires et politiques.
Réactions internationales
L’Union africaine (UA) a condamné « fermement et sans équivoque » cette tentative, appelant « tous les acteurs impliqués à cesser immédiatement toutes actions illégales ». La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a également dénoncé « une action anticonstitutionnelle » et promis son soutien « par tous les moyens nécessaires, y compris le déploiement de la force régionale en attente ».
Patrice Talon, un président en fin de mandat
Au pouvoir depuis 2016, Patrice Talon doit quitter ses fonctions en avril 2026, conformément à la Constitution qui limite à deux mandats. Son dauphin désigné, l’actuel ministre des Finances Romuald Wadagni, est considéré comme le favori pour la prochaine présidentielle, le principal parti d’opposition ayant été écarté de la course.
Si Talon est salué pour ses réformes économiques, ses détracteurs l’accusent d’avoir opéré un virage autoritaire dans un pays autrefois réputé pour son dynamisme démocratique.
Le Bénin a évité de justesse une déstabilisation majeure. Mais cette tentative de putsch révèle la fragilité sécuritaire et politique du pays à l’approche d’une élection cruciale, dans une région où les coups d’État se multiplient.







