À quelques semaines du scrutin présidentiel en Guinée, le gouvernement affiche une confiance sans faille, vantant « quatre années de stabilité et de progrès ». « Pour nous, c’est la célébration d’un bilan positif », affirme Kéamou Bogola Haba, ministre des sports, insistant sur une campagne « pacifique et civilisée ». Mais derrière ce discours rassurant, des zones d’ombre persistent.
Neuf candidats sont officiellement en lice, ce qui est présenté comme le signe d’une « compétition ouverte ». « Tous les candidats ont la même probabilité de gagner », assure le ministre. Pourtant, plusieurs figures majeures de l’opposition, dont Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, sont exclues du processus, dénonçant depuis l’exil une « usurpation du pouvoir » et une élection « verrouillée d’avance ».
Le gouvernement promet « l’une des meilleures élections jamais organisées », avec un fichier électoral « incontestable » et des moyens logistiques renforcés.
Mais ces affirmations peinent à convaincre les sceptiques, qui rappellent que l’administration en place contrôle l’ensemble du processus. « Rien n’est figé », martèle le responsable gouvernemental, tout en reconnaissant que l’État a « mis d’énormes ressources » à la disposition des autorités électorales.
Depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, qui a porté le général Mamadi Doumbouya au pouvoir, la transition politique est censée ouvrir une nouvelle ère. « C’est la fin d’une génération et l’arrivée d’une nouvelle », insiste Kéamou Bogola Haba. Mais pour beaucoup, cette « nouvelle génération » ressemble surtout à une consolidation du pouvoir militaire sous couvert d’élections.
Alors que le pays est appelé aux urnes le 28 décembre, la question demeure : la Guinée vivra-t-elle réellement une élection libre et équitable, ou s’agit-il d’une légitimation formelle d’un pouvoir déjà bien installé ?
B.B






