L’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar renoue avec ses vieux démons. Théâtre de violents affrontements depuis quelques semaines, la violence a atteint son paroxysme ce mercredi, opposant étudiants et forces de l’ordre, marquée par l’usage de gaz lacrymogène et un dispositif de sécurité exceptionnel au sein du campus.
Une présence policière source de violences
Les incidents ont éclaté sur le campus social après la décision du Conseil académique, prise hier, d’autoriser la présence des forces de l’ordre au sein du campus pédagogique.
Dès ce matin, des tirs de gaz lacrymogène ont été confirmés. Les forces de défense et de sécurité ont rapidement renforcé leur dispositif aux principaux accès de l’Université. La grande porte et le secteur du « couloir de la mort » sont désormais filtrés et partiellement bloqués, perturbant fortement la circulation du personnel, des étudiants et des usagers.
Des bourses en souffrance, le nœud de la contestation
Ces violences s’inscrivent dans un mouvement de protestation initié à la mi-novembre par les étudiants en Master. Leur principale revendication est le paiement intégral des arriérés de leurs bourses pour l’année académique 2024-2025.
Toutefois, le ministre de l’Enseignement Supérieur avait annoncé le démarrage des paiements dès ce mardi 2 décembre. Seulement, la colère est montée d’un cran chez les apprenants lorsque les autorités ont indiqué avoir commencé les versements destinés à l’année académique suivante (2025-2026), sans avoir soldé les dettes de l’année précédente.
Les étudiants jugent cette incohérence « inconcevable », dénonçant une gestion priorisant la nouvelle année au détriment des droits acquis.
Appels au retrait et au dialogue
Face à la dégradation de la situation, plusieurs voix se sont élevées pour un retour au calme.
Le président du Forum du Justiciable au Sénégal, Babacar Ba, a exhorté le ministre de l’Intérieur à ordonner le retrait immédiat des forces de l’ordre de l’enceinte universitaire, estimant que leur présence ne faisait « qu’empirer la situation ». Le Forum a également appelé les étudiants à privilégier la voie du dialogue pour une sortie de crise rapide. En revanche, certains réclament une prise de parole au plus haut sommet de l’État afin de calmer la fureur des étudiants.
Mémoire des tragédies
Le bilan provisoire fait état de six étudiants et quatre policiers blessés, certains évacués d’urgence dans les hôpitaux publics pour une prise en charge adéquate.
Les appels incessants à désamorcer la crise sonnent alors comme une alerte sérieuse pour les autorités. L’objectif est d’éviter le « syndrome des étudiants tués » dans l’enceinte universitaire, ravivant la mémoire des tragédies passées impliquant Balla Gueye, Bassirou Faye et Fallou Sene.







