Dans les zones rurales du Mali, la zakat : l’aumône légale prescrite par l’islam est désormais détournée en impôt par les groupes djihadistes. Cette pratique, qui s’étend dans les régions de Mopti, Gao et Tombouctou, illustre la montée en puissance des organisations armées face à l’effacement de l’État.
Une fiscalité sous couvert religieux
Sous prétexte de respecter la loi islamique, les combattants affiliés à la coalition JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) prélèvent des taxes sur les récoltes, le bétail et les marchandises. Des barrages routiers et des collecteurs sillonnent les villages pour exiger ces contributions, souvent accompagnées de menaces. Refuser de payer expose à des représailles violentes.
Un outil de légitimation et de contrôle
En imposant la zakat, les djihadistes cherchent à renforcer leur légitimité religieuse et à se présenter comme des « gouvernants » capables d’assurer justice et redistribution. Cette stratégie leur permet de consolider leur influence dans des zones où l’État malien est absent, tout en finançant leurs opérations militaires.
Des conséquences dramatiques pour les civils
Cette fiscalité forcée accentue la pauvreté et fragilise les communautés rurales déjà éprouvées par l’insécurité. Les habitants se retrouvent pris en étau entre les exigences des groupes armés et la rare présence des autorités. Certains villages ont vu leurs écoles fermer et leurs marchés se vider, aggravant l’isolement économique.
Un défi sécuritaire majeur
Malgré les annonces de Bamako visant à restaurer la souveraineté et sécuriser les zones rurales, le retrait de la MINUSMA en 2023 a laissé un vide sécuritaire que les djihadistes exploitent. Les experts appellent à une stratégie combinant sécurité, justice et services publics pour contrer cette gouvernance parallèle.
La zakat, détournée par les groupes djihadistes, est devenue un instrument de domination et de financement, révélant l’ampleur du défi sécuritaire et institutionnel au Mali.







