Le putsch survenu mercredi 26 novembre en Guinée-Bissau, qui a renversé le président Umaro Sissoco Embaló, marque un nouveau chapitre inquiétant pour la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Déjà fragilisée par une succession de crises politiques, l’organisation régionale doit désormais faire face à son cinquième renversement de gouvernement en moins de cinq ans dans la région.
Depuis 2020, l’Afrique de l’Ouest est secouée par une vague d’instabilité militaire. Au Mali, le colonel Assimi Goïta a destitué Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020. Deux ans plus tard, au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba renverse Roch Marc Christian Kaboré, avant d’être lui-même remplacé par le capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022. En juillet 2023, le général Abdourahmane Tiani écarte le président Mohamed Bazoum au Niger.
Face à ces ruptures répétées de l’ordre constitutionnel, la CEDEAO a tenté des sanctions et des médiations, mais sans résultats tangibles. Résultat : le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont tourné le dos à l’organisation pour créer l’Alliance des États du Sahel (AES), officialisant leur retrait de l’espace communautaire.
En Guinée Conakry, le colonel Mamady Doumbouya avait déjà écarté Alpha Condé, qui avait forcé un troisième mandat, en septembre 2021. Pendant ce temps, des situations controversées persistent ailleurs : au Togo, Faure Gnassingbé reste au pouvoir depuis 2005, et en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a obtenu un troisième mandat en 2025 malgré de vives contestations internes.
Sur les quinze membres initiaux de la CEDEAO, trois ont quitté l’organisation, deux sont dirigés par des juntes militaires, un est à la tête d’un mandat contesté et un autre est sous succession dynastique. En définitive, seuls six pays — le Nigeria, le Sénégal, le Bénin, le Ghana, le Liberia et la Sierra Leone — respectent actuellement les limites constitutionnelles des mandats présidentiels.







