Pénuries de carburant, marché noir et menace jihadiste, le Mali continue de subir une crise sans précédent. Conséquence directe du blocus imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Ce mouvement affilié à Al-Qaïda menace désormais de durcir ses attaques, ciblant non seulement les convois stratégiques mais aussi les acteurs humanitaires et civils.
Un blocus qui asphyxie l’économie
Les axes reliant Bamako aux ports de Dakar et Abidjan sont devenus des zones de non-droit. Les convois de carburant sont régulièrement incendiés, et les chauffeurs pris pour cible. Résultat : stations-service à sec, files interminables et explosion des prix au marché noir, où le litre d’essence se négocie jusqu’à 5 000 CFA, contre 775 CFA officiellement. Cette pénurie affecte tous les secteurs : transport, agriculture, distribution d’eau et même l’éducation. Les coupures d’électricité se multiplient, et certaines opérations humanitaires ont été suspendues.
Une stratégie assumée par le JNIM
Le JNIM revendique une stratégie claire : asphyxier Bamako pour fragiliser la junte au pouvoir. Après avoir instauré un embargo début septembre, le groupe menace désormais d’étendre son blocus à de nouvelles zones et de viser « toute cible liée à l’État ou à ses alliés ». Cette escalade inquiète les observateurs, qui y voient une tentative d’imposer un rapport de force politique.
Conséquences humanitaires alarmantes
Selon les agences humanitaires, 6,4 millions de Maliens ont besoin d’aide urgente, et près de 1,5 million sont en insécurité alimentaire sévère. Les restrictions de carburant limitent les déplacements, isolent des régions entières et compliquent l’acheminement de vivres. Des villages comme Léré ont déjà vu leurs habitants fuir face à la menace.
Réponse des autorités : entre contraintes et critiques
La junte multiplie les mesures : escortes militaires pour les convois, rationnement du carburant (13 litres par ménage à Bamako) et interdictions de vente massive. Mais ces efforts peinent à endiguer la crise. La société civile dénonce un régime « captif » et appelle à un dialogue avec certains groupes armés, tandis que l’opposition pointe l’inefficacité des solutions actuelles.
Si le blocus se renforce, le Mali risque une paralysie économique totale, avec des répercussions sur les pays voisins et une aggravation des tensions sécuritaires au Sahel.







