À la veille du double scrutin (présidentiel et législatif) de ce dimanche 23 novembre 2025, la Guinée-Bissau retient son souffle. Après trois semaines de campagne intense, les principaux candidats ont bouclé hier leurs meetings de clôture, dans une atmosphère à la fois électrique et pleine d’espoir.
Le président sortant Umaro Sissoco Embaló (53 ans) se présente à sa propre succession sous les couleurs de la Plataforma Republicana “Nô Kumpu Guiné” (Plateforme Républicaine), une coalition regroupant dix-sept partis politiques, dont le Partido dos Trabalhadores Guineenses (PTG) du ministre de l’Intérieur Botche Candé. Face à lui, le principal challenger, Fernando Dias da Costa (47 ans), représente le (Parti de la Rénovation Sociale – PRS). Il est soutenu par l’ancien Premier ministre et chef du PAIGC, Domingos Simões Pereira, disqualifié du scrutin.
Parmi les douze candidats en lice figure également José Mário Vaz (67 ans), président de la République de 2014 à 2020. L’élection, organisée au suffrage universel direct à deux tours, selon le système majoritaire absolu, revêt une importance capitale : elle pourrait permettre à Embaló de consolider son pouvoir ou, au contraire, offrir à l’opposition l’opportunité d’une alternance.
Double enjeu : présidentielle et législatives
Au-delà de la bataille présidentielle, se joue aussi le contrôle de l’Assemblée nationale, dont émane le Premier ministre. Dans ce régime qualifié par certains de semi-présidentiel, à forte coloration parlementaire, la majorité législative détermine largement la stabilité politique du pays. Quatorze partis participent à ces élections législatives à la proportionnelle, où la mouvance présidentielle espère obtenir une majorité confortable afin de donner au chef de l’État les coudées franches pour poursuivre ses réformes. L’opposition, elle, ambitionne de reprendre le contrôle du Parlement pour rééquilibrer les institutions.
Deux visions, deux styles
Les messages de campagne ont révélé deux lignes différentes : Umaro Sissoco Embaló a articulé sa communication autour d’un triptyque : « stabilité – développement – souveraineté », promouvant un leadership fort, garant de l’ordre et de la continuité. Tandis que Fernando Dias da Costa, le principal rival, a misé sur la réconciliation nationale, la sécurité et le retour à une gouvernance équilibrée.
Une campagne à haute intensité
La campagne a mobilisé toutes les grandes figures, notamment le Premier ministre Braima Camará, le ministre de l’Intérieur Botche Candé et celui du Tourisme Secuna Baldé. Ils ont multiplié les déplacements pour appuyer le président-candidat. De son côté, Domingos Simões Pereira s’est personnellement impliqué dans les rassemblements du PRS pour soutenir Dias da Costa.
Dans les grandes circonscriptions dont Gabú, Bafatá, Farim et bien sûr Bissau, Embaló a réuni des foules impressionnantes, notamment lors de son meeting de clôture dans la capitale. Interrogé sur cette mobilisation massive et inédite, un observateur de la vie politique nationale note : « Elle traduit à la fois la reconnaissance des réalisations du président en matière d’infrastructures, d’amélioration des conditions de vie et de rayonnement international du pays, mais aussi l’espoir suscité par ses promesses, notamment en faveur des jeunes et des femmes. »
Stabilité ou alternance ?
Dans ce pays lusophone où la démocratie électorale a souvent résisté aux manipulations des résultats, le scrutin de demain apparaît comme un test décisif pour l’avenir politique de la Guinée-Bissau.
Reste à savoir si cette ferveur se traduira dans les urnes. Les mobilisations spectaculaires observées pendant la campagne constituent-elles un véritable baromètre électoral ?
Le président Embaló obtiendra-t-il un second mandat et une majorité parlementaire solide, ou son adversaire Fernando Dias da Costa créera-t-il la surprise ?
Réponse demain, dans les urnes.





