Alors que les attaques jihadistes explosent et que la crise humanitaire s’aggrave, le secrétaire général de l’ONU exhorte les États du Sahel à dépasser leurs divisions pour bâtir une plateforme commune de renseignement et de sécurité.
Le Sahel est devenu l’un des foyers les plus meurtriers du terrorisme mondial. Selon les données d’Acled, les attaques sont passées de 1 900 en 2019 à plus de 5 500 en 2024, et déjà 3 800 en 2025, sur une zone équivalente à deux fois la superficie de l’Espagne. Ces violences ont causé près de 77 000 morts, illustrant l’ampleur du défi sécuritaire.
Des fractures politiques qui compliquent la réponse
La sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Cédéao pour former l’Alliance des États du Sahel (AES) a accentué la fragmentation régionale. Ces pays, dirigés par des juntes militaires, revendiquent une approche souverainiste, tandis que la Cédéao plaide pour une coopération régionale et internationale. Cette rivalité nourrit la méfiance, freinant les opérations conjointes et le partage de renseignements.
L’appel de Guterres : reconstruire la confiance
Antonio Guterres insiste sur la nécessité d’une plateforme de coopération sécuritaire entre la Cédéao, l’AES, la Mauritanie, le Tchad et l’Algérie. Il alerte aussi sur la crise humanitaire, avec 4,9 milliards de dollars requis pour les appels humanitaires en 2025, dont moins d’un quart financé à ce jour. Le plan pour le Mali n’est couvert qu’à 16 %, signe d’un désengagement préoccupant des bailleurs.
Une menace qui s’étend et se transforme
Les groupes affiliés à Al-Qaïda (JNIM) et à l’État islamique frappent désormais du Mali au Nigeria, jusqu’aux portes du Sénégal. Le JNIM impose même un blocus économique au Mali, asphyxiant l’approvisionnement en carburant. Cette stratégie vise à affaiblir les États et à renforcer l’emprise des groupes armés sur les populations.
L’appel de Guterres met en lumière un paradoxe : jamais la menace n’a été aussi transnationale, mais jamais la réponse n’a été aussi fragmentée. Sans coopération régionale et soutien international massif, le Sahel risque de basculer dans une spirale où insécurité et crise humanitaire se nourrissent mutuellement.







