Le Conseil des imams de Tanzanie a fermement condamné, samedi, les meurtres de civils commis par les forces de sécurité lors des élections générales du 29 octobre, marquées par des violences et des accusations de fraude. Selon l’opposition, plus de 1.000 personnes auraient été tuées pendant les manifestations antigouvernementales qui ont suivi le scrutin.
Dans un communiqué, le conseil indépendant des imams dénonce « des meurtres de personnes innocentes », survenus aussi bien lors des rassemblements que dans des domiciles ou sur des lieux de travail. Sans fournir de bilan précis, il évoque « de nombreux morts » et appelle à « la justice, la paix et la dignité humaine en Tanzanie ».
Les religieux pointent également de graves irrégularités électorales : bourrage d’urnes, présence de milliers de noms de personnes décédées sur les registres, absence de dépouillement dans la majorité des bureaux et faible participation. « Dans ce contexte, il est impossible d’élire un président ou un député », souligne le conseil, qui réclame un dialogue national et une nouvelle Constitution.
La présidente sortante Samia Suluhu Hassan a été déclarée vainqueure avec près de 98 % des voix, alors que ses principaux adversaires avaient été emprisonnés ou disqualifiés. Le gouvernement n’a pas communiqué de bilan officiel des violences, mais Mme Hassan a promis la création d’une commission d’enquête.
Plus tôt cette semaine, le Conseil central musulman, proche du pouvoir, avait appelé à identifier « les instigateurs » des troubles et à favoriser la réconciliation. Samedi, les évêques catholiques ont également exigé une enquête indépendante menée par des experts nationaux et internationaux. Début novembre, le père Charles Kitima avait dénoncé un « régime totalitaire » ; il avait été grièvement blessé en avril après avoir critiqué le gouvernement.
B.B







