L’Afrique de l’ouest, le Sénégal en tête, devrait vraiment se préoccuper de la situation du Mali. Si la JNIM y prend le pouvoir, on ne parlera plus nulle part de Mega, Niakhtou ou Tera politique.
Si les leçons du passé servent à quelque chose, on devrait se souvenir qu’au moment où le Waalo sombrait en 1854 devant les troupes coloniales, les élites du Kajoor et du Bawol continuaient de se chamailler pour savoir qui sera Farba ceci ou Farba cela. Quelques mois plus tard, elles ont été balayées par leurs anciens esclaves engagés dans le bataillon des tirailleurs sénégalais.
L’ouragan souffle à la porte de notre case. La JNIM est en passe de couper Bamako du monde. Si le Mali de Soundjata s’effondre, il emportera avec lui la Sénégambie de Njaajaan Njaay, Janke Waali, Samory et Meissa Waali.
Quand la case de Birama brûle, celui-ci n’a pas d’autre alternative que d’accepter l’offre de secours des voisins même si on s’était fâché dans une autre vie. Sûr que Macron n’interviendra pas comme naguère Hollande et, peut-être même que de bonne guerre, il y jouera une autre musique. L’AES n’a pas la solution.
La CEDEAO même dans sa situation actuelle a intérêt à agir vite, en oubliant sans ressentiment la conduite des colonels aujourd’hui enfermés dans leur propre piège. Il ne s’agit pas de sauver le Mali mais bien de s’occuper du destin collectif de toute une région. La plus grosse erreur sera une approche du problème avec des yeux westphaliens et peut-être pire post congrès de Berlin.
Le temps est venu de prendre le bâton de pèlerin pour mobiliser et voir large, au-delà des États-majors ; la question n’étant pas exclusivement militaire. Si nous perdons du temps dans nos chamailleries traditionnelles, nous le paierons plus cher que Samba Lawbe à Tivaouane en 1883 et Alburi Njaay à Dosso en 1901 !