Lors du « Terra-meeting » organisé ce samedi au parking de l’esplanade du stade Léopold-Sédar-Senghor, Ousmane Sonko, président de PASTEF-Les Patriotes, a livré un discours très politique où se mêlaient diagnostic économique sévère, menaces judiciaires contre ses opposants, et annonces de « purge » au sein des alliés et du gouvernement.
Dette « colossale » et « cachée » : l’héritage d’une mauvaise gestion
Sonko a commencé par brosser le bilan, présentant la « Vision Sénégal 2050 » comme la feuille de route économique de son camp — compétitivité par la valorisation des ressources, développement du capital humain, et gouvernance durable. Il a affirmé que l’État hérite d’une dette « colossale » et d’une « dette cachée », qu’il chiffre à « 130 % du PIB », et imputée selon lui au régime précédent. Ces accusations, répétées à plusieurs reprises au cours du meeting, visent à expliquer la sévérité des mesures d’austérité et de taxation annoncées.
Financement endogène : le refus ferme de restructurer la dette
Le leader de PASTEF a fermement rejeté toute « restructuration » de la dette et présenté un plan de redressement fondé sur un « modèle de financement endogène » : nouvelles taxes, réduction du train de vie de l’État, tout en garantissant la préservation du pouvoir d’achat. Il a indiqué avoir arbitré le budget 2026 et affirmé que les efforts demandés au travers du PRES permettraient d’économiser « 6 000 milliards de F CFA ». Ces chiffres et orientations sont présentés par Sonko comme des réponses à la crise budgétaire qu’il décrit.
De la dette aux poursuites : le temps des comptes pour les responsables
Plusieurs passages du discours étaient consacrés à la justice et à la lutte contre la « prévarication ». Sonko a assuré que la Cour des comptes, la BCEAO et le FMI auraient confirmé l’existence d’une dette cachée — formulation qu’il a utilisée pour appuyer ses accusations — et a appelé à des poursuites, allant jusqu’à déclarer que certains responsables « devront tous être envoyés en prison ». Il a également dénoncé la « libération à tout bout de champ » de ceux qu’il tient pour responsables et réclamé que « justice soit faite », insistant que la justice « appartient au peuple ».
Alliés « déloyaux » : Sonko annonce une « purge » au sein du gouvernement
Sonko a enfin ciblé des alliés et ministres qu’il juge « déloyaux » ou impliqués dans des détournements présumés et marchés de gré à gré. Sans nommer systématiquement les personnes concernées, il a évoqué des rapports (IGE) pointant des montants supérieurs à 2 milliards de F CFA et annoncé des mesures disciplinaires : « ceux-là seront virés du gouvernement », « tout sera tiré au clair ». Il a par ailleurs confirmé la volonté de structurer la coalition « Diomaye Président » autour de PASTEF, avec des « alliés fidèles et loyaux ».
Un discours de mobilisation : forte affluence et polarisation politique
Le Téra-meeting est présenté par les médias comme une démonstration de force politique et mobilise une forte présence sur le parking du stade. L’allocution intervient dans un contexte national marqué par des remaniements gouvernementaux récents et des débats vifs sur la transparence et la gestion des ressources publiques. Les annonces de Sonko — de l’ampleur des chiffres à la volonté de poursuites judiciaires — risquent d’alimenter la polarisation politique et d’enclencher des confrontations institutionnelles si elles se traduisent en actes.
Abdou Khadre COULIBALY







