La Cour criminelle de Bangui a condamné mardi (04.11.25) Joseph Martin Figueira, consultant belgo-portugais travaillant pour l’ONG américaine Family Health International 360 (FHI 360), à dix ans de travaux forcés pour complicité d’association de malfaiteurs et atteinte à la sécurité intérieure de l’État.
Arrêté en mai 2024 dans la région instable du Haut-Mbomou, Figueira était initialement poursuivi pour six chefs d’accusation, dont complot, espionnage et incitation à la haine. Il a toujours clamé son innocence.
“Je ne m’attendais pas à un tel verdict. Je vais me pourvoir en cassation. Nous avons un délai de trois jours pour le faire”, a-t-il déclaré à l’AFP après l’énoncé du jugement.
Des conversations accablantes
Lors du procès, le procureur général Jean Vidal Damas a présenté plus d’une heure d’enregistrements téléphoniques entre Figueira et des responsables du groupe rebelle UPC (Unité pour la paix en Centrafrique), notamment son chef Ali Darassa. Ces échanges portaient sur la capture du chef de guerre ougandais Joseph Kony, également actif en Centrafrique.
Figueira aurait également dialogué avec Nicolas Herrera, représentant de la Cour pénale internationale, dans le cadre de négociations impliquant des groupes armés.
“Le seul fait de donner des ordres à un groupe armé non conventionnel peut être assimilé à de la complicité”, a souligné le procureur.
L’État obtient réparation
L’État centrafricain, qui s’est constitué partie civile, a obtenu 50 millions de francs CFA (environ 75 000 euros) de dommages et intérêts, pour les moyens financiers et logistiques que Figueira aurait indirectement fournis aux groupes rebelles.
Une défense outrée
L’avocat de Figueira, Me Nicolas Tiangaye, a dénoncé un procès inéquitable et affirmé que son client a été torturé durant sa détention.
“Ce procès n’est pas équitable. Il viole les principes fondamentaux du droit à la défense”, a-t-il déclaré.
Un contexte explosif
La Centrafrique, ravagée par des décennies de conflits, reste en proie à des guérillas multiformes, notamment à ses frontières avec les deux Soudan. En avril, des accords de paix ont été signés avec l’UPC et le groupe 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), sous l’égide du Tchad. Le processus de désarmement a débuté en août.
L’armée nationale est appuyée par des mercenaires du groupe russe Wagner, ou son successeur Africa Corps, dans un climat de tension et de militarisation croissante.
Une affaire aux répercussions internationales ?
L’affaire Figueira soulève des questions sur le rôle des ONG dans les zones de conflit, les limites de la diplomatie humanitaire, et les risques encourus par les travailleurs humanitaires dans des contextes instables.







