Il y a exactement douze ans, les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les troupes onusiennes, reprenaient le contrôle de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, des mains du Mouvement du 23 mars (M23). Une victoire saluée à l’époque comme un tournant décisif dans la lutte contre les groupes armés à l’est du pays. Mais douze ans plus tard, le M23 est de retour, plus puissant que jamais.
Né d’une mutinerie en 2012, le M23 est composé d’anciens membres du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple), intégrés dans l’armée congolaise après l’accord de paix du 23 mars 2009. Le groupe avait justifié sa rébellion par le non-respect de cet accord par Kinshasa. Après avoir brièvement occupé Goma en 2012, le M23 avait été défait en 2013, annonçant la fin de sa lutte armée. Mais en novembre 2021, le mouvement a refait surface.
Une reconquête éclair
En 2022, le M23 a repris les armes, menant une offensive rapide qui l’a conduit à reconquérir Goma en janvier 2025, puis Bukavu en février. Aujourd’hui, le groupe contrôle non seulement les deux principales villes des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, mais aussi plusieurs localités stratégiques.
Le mouvement, désormais rebaptisé AFC-M23, est dirigé politiquement par Bertrand Bisimwa, tandis que le général Sultani Makenga en assure le commandement militaire. L’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, en est le coordinateur.
Une population prise en otage
Dans les zones sous contrôle du M23, la situation humanitaire est alarmante. Face à l’impasse militaire, un processus de négociation est en cours à Doha, au Qatar, entre le gouvernement congolais et les représentants du M23.
Soutenue par la CENCO et l’ECC, cette démarche diplomatique est perçue comme la dernière chance d’éviter une escalade du conflit dans une région déjà meurtrie par des décennies de violences.






