L’évolution des relations entre la France et la Guinée depuis le coup d’État du général Mamadi Doumbouya suscite l’étonnement, notamment chez l’écrivain guinéen Tierno Monénembo. Ce dernier décrypte avec une ironie acerbe l’ambiguïté de la position française face au régime de Conakry.
Doumbouya : de brebis galeuse à « nouveau Bokassa »
Monénembo constate que la Guinée, historiquement méfiante envers la France et longtemps considérée comme la « brebis galeuse de la bergerie françafricaine, » est en train d’en devenir la favorite. L’écrivain va jusqu’à comparer le général Doumbouya à un « nouveau Bokassa, » une référence percutante à l’ancien empereur centrafricain longtemps soutenu par Paris.
Selon l’écrivain Monénembo, le Quai d’Orsay miserait sur ce général autoproclamé, ancien caporal-chef de la Légion étrangère, pour des raisons stratégiques : « C’est sur Mamadi Doumbouya (…) que les génies du Quai d’Orsay misent pour protéger le pré carré français des visées de Vladimir Poutine et tenter en désespoir de cause, de garder un pied en Afrique. »
Le silence de Macron face aux dérives
L’écrivain pointe du doigt ce qu’il perçoit comme une indulgence de la part de l’Élysée. Il s’étonne qu’Emmanuel Macron ne s’émeuve « pas beaucoup » des « dérives dictatoriales de son poulain de Conakry. »
Monénembo dénonce la contradiction entre le discours de la France et la réalité guinéenne : « Pendant que celui-ci tord le cou à la charte de la Transition, pendant que se multiplient les morts mystérieuses et les disparitions forcées, il fait semblant de regarder ailleurs. » Ce silence apparent de Paris, dans un contexte de répression et de non-respect du calendrier de la Transition, alimente les spéculations sur un soutien tacite et pragmatique, motivé par les impératifs géopolitiques en Afrique de l’Ouest.
 
 
 
 






