Le groupe armé Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, a annoncé ce lundi le recrutement de près de 400 magistrats dans les zones qu’il contrôle dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette initiative marque une nouvelle étape dans la mise en place d’une administration parallèle, alors que le mouvement rebelle affirme vouloir renverser le régime de Kinshasa.
Dans un communiqué diffusé par son porte-parole Lawrence Kanyuka, le M23 a publié une liste de « candidats magistrats » ayant réussi un test d’évaluation organisé dans le cadre d’une « commission de relance de la justice ». Selon Délion Kimbulungu, président de cette commission, 378 dossiers ont été retenus sur les 475 reçus. Les lauréats devraient être prochainement intégrés dans le système judiciaire du M23, bien que les modalités restent floues.
Une justice parallèle dans un contexte de conflit
Depuis janvier, les violences se sont intensifiées dans l’Est du pays, avec la prise des grandes villes de Goma et Bukavu par le M23. L’armée, la police et l’administration congolaise ont fui ces zones, laissant le champ libre au groupe rebelle pour y installer ses propres structures de gouvernance.
Jusqu’à présent, le M23 opérait sans cadre juridique formel, s’appuyant sur des militaires et une force de police pour maintenir l’ordre — souvent au prix de nombreuses exactions, dénoncées par des ONG internationales et les Nations unies.
Des accords de paix fragiles
En juillet, les autorités congolaises et le M23 ont signé à Doha une déclaration de principe en faveur d’un cessez-le-feu permanent, faisant suite à un accord de paix conclu entre la RDC et le Rwanda à Washington fin juin. Ces deux initiatives, saluées par la communauté internationale, n’ont toutefois pas permis de faire taire les armes.
 Le président congolais Félix Tshisekedi a annoncé dimanche que les discussions de Doha devraient reprendre cette semaine, en prélude à une rencontre avec son homologue rwandais Paul Kagame, prévue à Washington sous l’égide du président américain Donald Trump. Objectif : entériner les deux accords et relancer le processus de paix.
 Une région stratégique et convoitée
L’Est de la RDC, frontalier du Rwanda, est riche en ressources naturelles et en proie à des conflits depuis plus de trente ans. Le contrôle de cette région représente un enjeu stratégique majeur, tant pour les groupes armés que pour les États voisins.
Alors que le M23 poursuit son implantation administrative, les observateurs s’inquiètent d’un affaiblissement de l’autorité de l’État congolais et d’une institutionnalisation de la rébellion. Le recrutement massif de magistrats pourrait marquer un tournant dans la consolidation du pouvoir du M23 sur le terrain.
BB
 
 
 
 





