Le Financial Tracking Service (FTS) de l’OCHA, plateforme mondiale de suivi des financements humanitaires, tire la sonnette d’alarme : le Plan de réponse humanitaire 2025 du Mali, estimé à 771,3 millions de dollars (environ 468 milliards de francs CFA), n’a mobilisé que 120,5 millions de dollars (73 milliards CFA), soit 15,6 % de couverture.
Un niveau historiquement bas. Le plus faible enregistré depuis plus d’une décennie.
En comparaison, le plan d’aide 2024, évalué à 751 millions de dollars (456 milliards CFA), avait été financé à hauteur de 269 millions (163 milliards CFA), soit 36 % des besoins. En un an, les financements ont chuté de plus de 55 %, alors même que les besoins humanitaires ont légèrement augmenté, signe d’un désengagement progressif des bailleurs face aux crises prolongées du Sahel.
Une tendance mondiale à la baisse
Selon l’OCHA, à l’échelle mondiale, seuls 35 % des besoins humanitaires ont été couverts en 2025, contre plus de 50 % en moyenne au cours des dix dernières années.
Cette contraction est liée à la multiplication des crises simultanées, au ralentissement économique mondial et à la redirection de l’aide vers d’autres zones prioritaires, notamment l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient.
Sur le terrain, la baisse de financement a des répercussions concrètes et immédiates.
Le secteur de la sécurité alimentaire, qui représente la plus grande part du plan, n’a reçu que 22,2 millions de dollars (13 milliards CFA) sur 423 millions demandés (254 milliards CFA).
La nutrition, deuxième priorité, affiche une couverture de 24 %, avec 16,6 millions de dollars (9,9 milliards CFA) sur 68,6 millions attendus.
Le secteur de la santé n’a perçu que 6,3 millions de dollars (3,7 milliards CFA) sur 38,3 millions requis, tandis que l’éducation d’urgence plafonne à 4,4 millions (11 % de son objectif).
Le secteur eau, hygiène et assainissement (WASH), pourtant essentiel face aux déplacements massifs et aux risques de contamination des nappes, n’a mobilisé que 3,5 millions de dollars (2,1 milliards CFA) sur 34,5 millions prévus.
Les secteurs de la protection des civils, de la lutte contre les violences basées sur le genre et de la logistique humanitaire affichent également des niveaux critiques, tous inférieurs à 20 % de couverture.
Des régions entières en situation d’urgence
Les zones les plus touchées demeurent le Centre (Mopti, Ségou) et le Nord (Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka). Les organisations signalent des ruptures d’approvisionnement dans les entrepôts du Programme alimentaire mondial (PAM) et des interruptions de programmes communautaires soutenus par l’UNICEF et le HCR.
Les principaux bailleurs, Union européenne, Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni, Canada et Italie ont maintenu leurs contributions, mais sans rehaussement.
Le PAM, par exemple, n’a pu distribuer que 60 % des rations prévues en octobre, tandis que certaines ONG locales ont suspendu des projets d’eau potable dans le delta intérieur du Niger, faute de financements supplémentaires.
Un risque de rupture humanitaire d’ici la fin de l’année
À deux mois de la clôture budgétaire 2025, les acteurs humanitaires préviennent : plus de la moitié des programmes risquent d’être suspendus, accentuant les vulnérabilités dans un pays où plus de 7 millions de personnes ont besoin d’assistance, dont 400 000 déplacés internes et 250 000 réfugiés.







