La déclaration d’Issa Tchiroma Bakary, chef de l’opposition camerounaise, affirmant avoir été escorté « vers un lieu sûr » par des soldats qui lui seraient fidèles, alimente les soupçons de divisions au sein de l’armée après une élection présidentielle contestée.
Retranché depuis plusieurs jours dans sa résidence de Garoua, au nord du pays, Tchiroma revendique la victoire face au président sortant Paul Biya, 92 ans. Vendredi, il a remercié sur Facebook « l’armée loyaliste » qui assurerait désormais sa sécurité. Des propos ambigus, dans un contexte où la loyauté militaire est scrutée à la loupe.
Le ministère de la Défense s’est refusé à tout commentaire, laissant planer le doute sur d’éventuelles fractures dans les rangs. Plusieurs observateurs évoquent un malaise au sein de l’appareil sécuritaire, tiraillé entre fidélité au pouvoir vieillissant et tensions régionales.
Depuis la proclamation de la victoire de Paul Biya par le Conseil constitutionnel, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes. Selon des organisations civiles, au moins 23 manifestants ont été tués et plus de 500 arrêtés.
Dans une nouvelle vidéo publiée vendredi, Tchiroma a appelé à un “confinement national” de trois jours, exhortant ses partisans à rester chez eux pour contester les résultats : « Que le pays tout entier soit paralysé, afin que le monde sache que nous résistons », a-t-il déclaré.
Entre fidélités fragiles, colère populaire et mutisme du pouvoir, l’épisode Tchiroma met en lumière les fragilités d’une armée longtemps présentée comme unie. À mesure que la crise politique s’envenime, le risque d’un éclatement silencieux des allégeances militaires semble plus réel que jamais.






