Les délégués du personnel d’Air Sénégal expriment leur colère face à la dégradation rapide de la situation financière, opérationnelle et sociale de la compagnie. Dans un communiqué publié ce samedi 25 octobre, ils alertent sur une dette « colossale » de centaines de milliards de francs CFA due aux partenaires financiers, fournisseurs et sous-traitants.
Selon eux, cette situation résulte de mauvais choix stratégiques, notamment l’achat d’avions à l’encontre du business plan initial et une « frénésie suspecte » d’affrètements d’avions ACMI jugés coûteux et désavantageux. Les travailleurs estiment que cette politique aurait coûté près de 60 milliards de francs CFA en avril 2025, sans bénéfices réels pour l’entreprise.
Pire, la direction aurait poursuivi les locations d’appareils : une dizaine d’avions loués depuis janvier 2025, sans amélioration notable de la rentabilité.
Conséquence, la trésorerie serait à sec, les salaires accusent des retards, et les fournisseurs menacent d’interrompre leurs services. La confiance des partenaires et des clients serait également en chute libre.
Sur le plan opérationnel, la situation n’est guère meilleure. En août 2024, seulement quatre avions étaient opérationnels sur une flotte de huit, et aujourd’hui, un seul ATR72 est encore en service. Les deux Airbus A330-900 NEO sont cloués au sol depuis plusieurs mois, l’un à Dakar, l’autre à Rome.
Pour maintenir la liaison Dakar-Paris, Air Sénégal a loué un Boeing 777 avec un équipage étranger, ce qui aurait provoqué un déséquilibre de 30 % du taux de remplissage.
Les délégués rappellent également que, depuis le différend avec le groupe Carlyle, la flotte régionale (A319 et A321) a été retirée en juillet 2025. Pour compenser, la direction a affrété trois Airbus A320 auprès de la société Getjet, une décision jugée précipitée et coûteuse, évaluée à plusieurs millions de dollars par mois.
Les représentants du personnel dénoncent enfin une stratégie commerciale floue, marquée par la fermeture de lignes rentables vers l’Afrique centrale et l’Europe du Sud, au profit de destinations sahéliennes moins attractives.
Ils pointent aussi une mauvaise gouvernance interne : organigramme lourd, nominations sans transparence, soupçons de népotisme et absence de dialogue social. Le département des ressources humaines est accusé d’imposer des sanctions arbitraires et de ne pas favoriser un climat de travail apaisé.
Face à cette situation jugée critique, les délégués du personnel demandent une audience auprès des autorités de tutelle afin de présenter des propositions concrètes pour sauver la compagnie nationale.
Alioune SOW







