La difficulté de la prise en charge des patients pour des soins appropriés dans les hôpitaux est devenue monnaie courante. Dernier en date, le décès d’un nouveau-né dans la nuit du 17 octobre 2025 à Diourbel, ville située à 150 km de Dakar, défraie la chronique et a relancé le débat ces derniers jours.
Nombreux sont ceux qui se plaignent du comportement du personnel de santé dans les structures hospitalières. Malades, et confrontés à un état de santé qui nécessite de l’attention et une prise en charge adéquate, ils déplorent un manque de courtoisie et une indifférence qui impactent la qualité des soins et semblent même être devenus la norme.
Diourbel, un cas non isolé
Les circonstances telles que décrites par la sœur de la victime à l’hôpital Heinrich Lübke de Diourbel ont ravivé les inquiétudes. Selon elle, sa sœur, sur le point d’accoucher, a été éconduite sous prétexte d’un manque de lits disponibles. La sage-femme de garde ce jour-là l’aurait renvoyée malgré l’urgence de la situation.
Contrainte de quitter la salle d’accouchement, la patiente a finalement donné naissance à son enfant devant la porte de l’établissement. Mais le témoignage de la tante indique que le nouveau-né est décédé peu après, car il avait besoin d’être placé sous couveuse. Cette situation révélée a choqué l’opinion publique, remettant au goût du jour des incidents semblables survenus au cours de ces dernières années. Le cas de Diourbel n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Rappel
En 2022, onze bébés avaient péri dans un incendie à l’hôpital de Tivaouane, département dans la région de Thiès. La même année, à Louga (nord-ouest), Astou Sokhna, enceinte de neuf mois, avait agonisé durant des heures face au refus de la césarienne qu’elle réclamait. En 2021, quatre nouveaux-nés périssaient dans le service de néonatalogie de l’hôpital Magatte Lô de Linguère (Nord du Sénégal). La liste n’est pas exhaustive. L’ancien président Macky Sall, qui avait même sollicité un audit de l’ensemble des services de néonatalogie du pays, avait à l’époque déclaré que « L’hôpital public ne devrait être un espace de tragédie ».
Le comportement souvent décrié des agents de santé dans ces structures serait le reflet d’un manque généralisé de ressources humaines, d’équipements et financières. Cependant, au Sénégal, un document du Ministère de la Santé datant de 2019 a reconnu la persistance de telles pratiques malgré la mise en œuvre de plans d’actions tels que la construction d’hôpitaux ou l’augmentation du budget dédié au secteur sanitaire.
Quid des sanctions ?
Concernant le cas de la maman à Diourbel, le plus récent, une mesure disciplinaire a été prise par décision des autorités locales. La sage-femme a été provisoirement suspendue de ses fonctions en attendant les conclusions de l’enquête interne ordonnée par le ministère de la Santé. De plus, une enquête judiciaire sous la supervision du procureur de la République est en cours. À Louga, à l’époque du cas d’Astou Sokhna, le directeur de l’hôpital avait été licencié, et les sages-femmes condamnées à six mois de prison avec sursis.
Mais malgré les mesures d’urgence qui suivent systématiquement de telles catastrophes, d’autres cas surgissent et interpellent.







