Chariots, véhicules hippomobiles et charrettes à deux roues à traction humaine : telle est l’image que renvoient les grandes artères de Dakar et d’autres régions du Sénégal, où ils pullulent. Souvent employés dans le transport de marchandises, alimentaires ou autres, ces types d’engins ne feront plus partie de la circulation dans certaines rues de Dakar, Mbour et Kaolack à compter de ce jeudi 16 octobre 2025. Le ministère de l’Intérieur a rendu public un arrêté interdisant leur circulation et leur stationnement.
Pour M. Ba, qui se dit concerné par cette mesure, il est nécessaire que des tractations s’engagent entre les acteurs et le gouvernement. Trouvé devant un vendeur de café, en compagnie d’autres collègues, il explique que ce travail constitue son seul gagne-pain d’où l’importance de négocier. M. Ba utilise quotidiennement sa charrette en fer pour transporter des marchandises dans différentes rues de la capitale.
Non loin de lui, Mamadou Dian, un sexagénaire, occupé à éplucher des oranges bien réparties dans son chariot (pousse-pousse), avoue être impuissant face à cette interdiction. « Que faire, sinon abdiquer devant les mesures du gouvernement, qui est souverain dans ses décisions ? » explique-t-il.
M. Dian ajoute : « À l’impossible, nul n’est tenu. Je chercherai bien un autre moyen de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille, si nécessaire » martèle-t-il.
Originaires de Conakry pour la plupart, ils sont nombreux à Dakar à s’activer dans le transport de marchandises avec ces engins qui, désormais, n’ont plus le droit de circuler ou de stationner à Dakar, Mbour et Kaolack, selon l’arrêté du ministère de l’Intérieur rendu public ce lundi .
L’arrêté a notamment été précis sur les différents lieux où l’application sera effective. Il s’agit des grandes artères comme l’Avenue Nelson Mandela, la Place de l’Indépendance et ses dépendances, la Corniche Ouest et l’Avenue Cheikh Anta Diop.
Plus de « pousse -pousse » à Dakar à compter de ce jeudi
Boubacar Ba, qui stationne également son chariot à la Médina, un quartier de Dakar, pour vendre son café, pense que cette mesure est à saluer. Son ami, assis à côté, estime qu’en termes de désencombrement, il est impératif de commencer par l’occupation anarchique, pointant du doigt un stationnement de tas de ferraille. Les deux estiment l’urgence d’une réorganisation de l’espace public . Mieux, selon eux, cela dénote une sécurisation des acteurs y opérant au quotidien, déplorant l’occupation anarchique de ces véhicules, surtout dans le centre-ville de la capitale et sur la corniche Ouest. Là-bas, la circulation des piétons relève d’un vrai parcours du combattant, soulignent-ils.
Par ailleurs, dans le communiqué, il est bien mentionné que le non-respect de cette mesure fera l’objet d’une contravention. Alpha Sow, qui salue l’initiative, déplore cependant la rapidité de l’application qui risque de faire défaut. Selon ce propriétaire de véhicule hippomobile, il était important de le faire progressivement afin de leur permettre de prendre toutes les dispositions. Dans sa voiture remplie de bouteilles, clé en main pour démarrer, Alpha reconnaît que l’interdiction va poser beaucoup de problèmes dans l’exécution de leur travail et imposer des limites, mais « il faudra se conformer au risque de subir des contraventions » dit-il . Lui pense ne pas braver l’interdiction et compte éviter les zones citées.
Au Sénégal, bon nombre de ceux qui effectuent le transport de ces marchandises sont des étrangers établis dans ce pays. Et, selon eux, malgré l’impact sur leur quotidien, et bien qu’ils soient impuissants face aux décisions de l’Autorité, chaque citoyen est tenu de se conformer aux règles et lois régies par ce pays. D’autant plus que la réorganisation de l’espace public, la sécurisation et la modernisation des villes sont plus qu’urgentes.
Aissatou Diouf