Titanesque ! Nul autre qualificatif ne saurait mieux décrire l’ampleur du projet Simandou. En chiffres, il s’agit d’un investissement de 18,5 milliards d’euros, incluant la construction de plus de 650 kilomètres de voies ferrées et d’un port en eau profonde. C’est, symboliquement, l’espoir d’une nation entière de voir enfin son économie décoller. À l’heure actuelle, les bénéfices futurs de cette exploitation brillent déjà dans les yeux du pouvoir militaire. Le projet est omniprésent dans le discours du Colonel Doumbouya, reléguant au second plan la question électorale imminente. Rêve, mais aussi désespoir. Ce qui est censé être la locomotive d’une économie en grande difficulté depuis des années n’offre, pour l’heure, aucune certitude. Un investissement massif, un espoir grandissant, mais aussi des pertes tragiques en vies humaines et l’ouverture d’une enquête officielle : le projet tangue entre réussite et fiasco.
Un enjeu économique colossal pour la Guinée
Le site de Simandou abrite l’un des gisements de fer les plus vastes et prometteurs au monde, découvert dans les années 1990. Surnommé le « caviar de fer » en raison de sa haute teneur, sa mise en production représente un enjeu économique majeur pour la Guinée. Son exploitation est conditionnée à l’érection d’un chemin de fer d’environ 600 km reliant la mine à la côte, un chantier estimé à quelque 20 milliards de dollars.
Winning Consortium Simandou (WCS), en charge des blocs 1 et 2, partage le projet avec Simfer, une coentreprise entre le géant anglo-australien Rio Tinto et le chinois Chinalco. L’ampleur du projet ouvre aux entreprises étrangères et locales un marché potentiellement captif, le budget de l’étape maximale pour l’approvisionnement s’élevant à 5 milliards de dollars US.
Des drames mortels qui entachent le chantier
Un projet ambitieux, mais entaché de graves incidents. Récemment, trois travailleurs étrangers ont trouvé la mort sur ce qui est l’un des plus grands chantiers miniers au monde. L’accident s’est produit sur le site de WCS dans la province de Kérouané. Les détails exacts n’ont pas été communiqués.
Une enquête a été ouverte en coordination avec les autorités guinéennes pour déterminer les causes de ce drame. Par mesure de sécurité, les opérations sur le site concerné ont été immédiatement suspendues afin de procéder à une révision complète des protocoles en vigueur.
Les représentants de la société ont exprimé leur soutien aux familles des victimes, précisant que les travaux ne reprendront qu’une fois l’ensemble des mesures de sécurité pleinement rétablies et respectées.
Les attentes du gouvernement
Malgré ces revers, la Guinée fonde d’énormes espoirs sur ce projet pour en tirer de larges revenus. Les infrastructures construites doivent permettre le désenclavement d’une partie du pays, et l’ensemble du projet est censé générer plusieurs milliers d’emplois directs. Le général Mamadi Doumbouya a d’ailleurs fait de la concrétisation de Simandou l’une de ses priorités absolues. Pour le pouvoir kaki, 2040, c’est déjà maintenant.