Le scrutin devait se tenir le 13 octobre. Finalement, c’est avec dix jours d’avance que les parlementaires tchadiens ont adopté, vendredi 3 octobre, une révision de la Constitution qui bouleverse l’équilibre institutionnel du pays. La mesure phare : l’instauration d’un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable indéfiniment.
Réunis en Congrès, députés et sénateurs ont très largement voté en faveur du texte présenté par le Mouvement patriotique du salut (MPS), la formation au pouvoir dirigée par Mahamat Idriss Déby. Sur 257 parlementaires, 236 ont approuvé la réforme. Le MPS, quasi hégémonique, s’est empressé de qualifier ce vote d’« historique », fruit, selon lui, d’un « consensus politique et social inédit ».
La réalité est plus contrastée. Les 21 élus de l’opposition ont rejeté en bloc la réforme, tandis que les membres du Rassemblement national des démocrates tchadiens–Le Réveil (RNDT), parti de l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké, ont carrément quitté la séance avant le scrutin pour marquer leur hostilité.
Avec ce vote anticipé et largement acquis, Mahamat Idriss Déby s’ouvre la possibilité d’un pouvoir sans limite de temps. Une perspective qui, au Tchad comme ailleurs sur le continent, fait craindre un retour en force du présidentialisme sans contre-pouvoirs.