Après la conquête des armes, place à celle des urnes. Ce dimanche 21 septembre, près de 7 millions de Guinéens sont appelés aux urnes pour valider ou invalider les nouvelles réformes constitutionnelles. Principal enjeu : le maintien de Mamadi Doumbouya à la tête du pouvoir. L’homme fort de la Guinée, depuis son coup d’État en 2021, revient sur le terrain de la démocratie, du moins sur le plan électoral. Le référendum de ce dimanche 21 septembre est un test grandeur nature.
Même si le jeu démocratique semble parsemé d’obstacles pour les voix dissidentes, en l’occurrence celles du « non », le colonel a quand même décidé de se « conformer » aux règles. Le vote, meilleur baromètre de la démocratie selon certains observateurs, verra un colonel soit affaibli soit renforcé. Le pouvoir qu’il exerce attise les convoitises. Celui qui avait pourtant promis un gouvernement d’union nationale et une transition pacifique change de cap et de discours. L’opposition, quant à elle, dégaine l’arme du boycott. Choisir ou éliminer, il n’y a pas d’autres alternatives.
Les armes, à la base
Né en 1984 à Kankan, le général Mamadi Doumbouya a commencé son parcours par des études primaires en Guinée avant d’embrasser une carrière militaire. Il s’est formé dans plusieurs pays, dont le Sénégal et le Gabon, et a participé à diverses missions internationales, notamment à l’École de guerre en France, en Afghanistan et en Côte d’Ivoire.
Après avoir servi comme légionnaire dans l’armée française et obtenu le grade de caporal en 2009, il est rentré en Guinée en 2011. Il y a rapidement pris des responsabilités dans la formation, réussissant à encadrer plus de 4 000 militaires et sous-officiers.
Cependant, depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, son image a pris une nouvelle dimension. Bien qu’il dirige le pays d’une main de fer, ses opposants dénonçant des arrestations et des disparitions, le colonel a su gagner une certaine reconnaissance internationale en participant à des sommets internationaux.
Un colonel en quête de légitimité
Quatre ans après son accession au pouvoir par la force, les appels pour un retour à l’ordre constitutionnel continuent de se faire entendre, sans succès. En chassant le président Alpha Condé en 2021, le général Mamadi Doumbouya avait justifié son acte en affirmant qu’il voulait empêcher le pays de sombrer dans le chaos et reprochait au gouvernement précédent de ne pas avoir tenu ses promesses.
Si le colonel avait initialement déclaré qu’il ne se présenterait pas à la présidence, le projet de nouvelle constitution, qui doit être soumis au vote ce dimanche 21 septembre, autorise les membres de la junte à se présenter. Le texte étend également le mandat présidentiel de cinq à sept ans, renouvelable deux fois, et crée un Sénat dont un tiers des membres serait nommé par le président. Bien que le chef de la junte ne se soit pas encore prononcé publiquement sur son intention de se présenter aux élections de décembre, il reste la figure centrale de la campagne référendaire et est perçu par une partie de la population comme l’homme de la situation.
La démocratie est-elle seulement électorale ?
Depuis l’arrivée au pouvoir de Mamadi Doumbouya en 2021, des opposants ont quitté le pays, à l’instar de Cellou Dalein Diallo. Les arrestations et disparitions sont de plus en plus fréquentes, touchant journalistes, opposants et membres de la société civile. La fermeture de médias tels que Hadafo Media, FIM FM et le groupe Djoma TV, ainsi que les arrestations répétées d’activistes, sont régulièrement dénoncées. Depuis plusieurs mois, Oumar Sylla, alias Foniké Mengué, et Mamadou Billo Bah n’ont plus donné signe de vie. Leurs familles s’inquiètent et dénoncent une « disparition forcée ». Toutes ces accusations pèsent sur l’homme fort de Conakry, dont les proches continuent de défendre la candidature à une élection présidentielle. Illustration dans cette campagne électorale, largement en faveur de la junte militaire. Ce dimanche, Mamadi Doumbouya montera sur la balance électorale. Il reste aux millions de guinéens appelés aux urnes. Un scrutin crucial.







