Le compte à rebours est lancé. Le 30 septembre 2025 marque la fin de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un partenariat commercial crucial entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne. Créé en 2000, l’AGOA a longtemps été un pilier des relations économiques, mais l’arrivée de Donald Trump au pouvoir semble tout remettre en question. Après avoir ciblé d’autres initiatives comme l’USAID, le président américain met, désormais, l’AGOA dans son viseur. La question est sur toutes les lèvres : s’agit-il d’un adieu définitif à ce programme ?
Qu’est-ce que l’AGOA ?
Depuis l’an 2000, l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) a été le trait d’union dans les relations commerciales entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne. Permettant à 32 pays africains d’exporter près de 7 000 produits vers le marché américain sans droits de douane, cet accord a favorisé l’essor de secteurs clés comme le textile, l’agriculture ou les industries extractives. Piliers de l’économie d’exportation pour Madagascar, le Lesotho et Maurice, ces industries sont désormais gravement menacées. Des milliers d’emplois sont en jeu, dans des pays où les débouchés alternatifs sont rares. Sans l’accès préférentiel au marché américain, les produits africains deviennent non compétitifs face aux géants asiatiques. À quelques jours de son expiration programmée (30 septembre 2025), et face à une nouvelle politique protectionniste menée par l’administration Trump, l’AGOA est plus que jamais menacé. Madagascar, en première ligne, mène actuellement une campagne diplomatique pour sauver ce qui peut encore l’être.
Coup de massue pour l’Afrique
L’Afrique du Sud, premier exportateur africain vers les États-Unis, anticipe la perte de plus de 35 000 emplois dans le seul secteur des agrumes. Les chaînes de valeur agricole, déjà fragiles, pourraient s’effondrer sous la pression tarifaire, sans compter les minerais et métaux précieux. Si l’énergie reste partiellement épargnée, les droits de douane touchent de plein fouet les exportations de platine, d’or ou de diamants, vitaux pour des pays comme l’Afrique du Sud, le Ghana ou la Namibie. Or, ces matières premières sont cruciales pour l’industrie américaine.
Ces mesures, qui visent à compenser les prétendus déséquilibres commerciaux, réduisent à néant les avantages de l’AGOA. Madagascar, par exemple, voit ses exportations de vanille et de textile frappées par une taxe de 47 %. Le Lesotho, spécialiste du denim, est soumis à un tarif record de 50 %, tandis que Maurice encaisse 40 % sur ses produits manufacturés. Pour ces économies fragiles, c’est un véritable cataclysme économique.
Partenariats diversifiés
Face à cette crise, les pays africains réagissent de manière diverse. Certains, comme le Zimbabwe, ont choisi de lever leurs propres barrières douanières dans une tentative d’apaisement. D’autres, notamment l’Afrique du Sud, persistent à chercher des exemptions ciblées. Mais une tendance se dégage : la redéfinition des partenariats commerciaux africains. La Chine, qui a récemment supprimé ses tarifs pour 33 pays africains, se profile comme un partenaire de substitution crédible.
De même, l’Union africaine pousse à l’accélération de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), longtemps restée en gestation. Ce retournement de dynamique pourrait, à terme, renforcer l’autonomie économique du continent. En 2024, les exportations africaines sous l’AGOA représentaient encore 8 milliards de dollars. La mise en œuvre des nouvelles taxes américaines remet désormais en question l’ensemble de cet édifice. Pour l’Afrique, cette période charnière pourrait marquer un tournant historique : soit elle subit une marginalisation commerciale croissante, soit elle en profite pour revoir ses modèles de croissance, miser sur l’intégration régionale et diversifier ses débouchés.