Depuis juillet 2025, les autorités égyptiennes mènent une vaste campagne d’arrestations et de poursuites judiciaires visant des créateurs de contenu sur les réseaux sociaux, a dénoncé l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué publié mardi 10 septembre 2025.
Selon HRW, au moins 29 personnes dont 19 femmes et un enfant ont été arrêtées ou poursuivies entre fin juillet et fin août pour des publications en ligne, sur la base de déclarations du ministère de l’Intérieur. Des médias locaux et des organisations de défense des droits humains évoquent également huit autres cas.
Les accusations retenues sont jugées « vagues » par l’ONG. Elles vont d’« atteinte à la moralité publique » à « atteinte aux valeurs familiales », en passant par « blanchiment d’argent ». Parmi les personnes ciblées figurent notamment des danseuses du ventre et des tatoueurs, accusés d’avoir diffusé sur TikTok et d’autres plateformes des vidéos qualifiées d’« indécentes » par les autorités.
« La campagne des autorités égyptiennes contre les créateurs de contenu en ligne semble avoir pour but de saper le dernier espace de liberté d’expression dans le pays », a estimé Amr Magdi, chercheur senior à HRW. « Cela fait partie des efforts incessants du gouvernement visant à criminaliser toute forme d’expression contredisant ses propres points de vue. »
L’ONG affirme que ces actions violent les droits à la vie privée, à la liberté d’expression et à la non-discrimination. Elle appelle les autorités à abandonner les poursuites et à mettre fin à l’usage de la loi sur la cybercriminalité pour restreindre la liberté d’expression.
Adoptée en 2018, la loi n°175 sur la cybercriminalité prévoit des peines allant de six mois à trois ans de prison ainsi que de lourdes amendes. HRW souligne que ce texte est devenu « l’un des principaux outils de criminalisation » des activités en ligne dans le pays.